Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. A cette époque, les jeunes se passionnaient pour le Top 50, les filles, après avoir noué leurs lacets fluos, se pâmaient devant le chanteur du groupe AHA, les garçons, coiffés comme Nicolas Sirkis d’Indochine, devant les gros lolos de Samantha Fox (qui est devenue lesbienne depuis). Madonna ne ressemblait pas à un camionneur sous cocaïne (oui, je sais, ça paraît inouï), François Mitterrand imposait les riches et l’austérité, on avait peur de se prendre sur la tronche un missile SS20 envoyé depuis la Pologne et le personnel politique honnissait Coluche tout en en disant du bien devant les caméras. Sur route, le radar était rare et les batailles faisaient rage entre les GTI, Jeanne Mas à fond dans le radio-K7. On racontait ses exploits clope au bec au bistrot, entre deux parties de flipper, devant une bonne bière dont on avait vu une pub à la télé. Quant aux petites voitures sportives, elles ignoraient les sigles ABS et ESP, donc demandaient de vraies compétences à leurs conducteurs, qui en manquaient d’ailleurs chroniquement. Du coup, elles se sont raréfiées à vitesse grand V et aujourd’hui, voient leur cote flamber. Voici une petite sélection de citadines épicées.

1 : Peugeot 205 GTI 1.6

205-gti
A l’époque, il y avait deux camps. D’un côté, les adorateurs de la 205 GTI, de l’autre, les fanatiques de la R5 GT Turbo. En mettant la sochalienne en pole, je sais que je vais me faire détester par des quadras mordus du losange. Mais elle a des arguments la bougresse. Train avant triangulé précis comme un scalpel, tenue de route de fou, moteur rageur (plus en 115 ch – à partir de 1986 – qu’en 105), look d’enfer avec ses élargisseurs d’aile ainsi que sa moquette rouge, et très bons freins. Seulement, au bout de quelques milliers de kilomètres d’attaque, sa coque s’ouvrait (c’est toujours fendu au niveau de montant B, voire à la jonction longeron avant/cloison pare-feu), au lever de pied en appui, son train arrière décrochait et au fil des ans, les renforts de siège ramollissaient, la rouille s’installait (moins sur les modèles post-1987) tandis que les roues postérieures adoptaient un carrossage positif. Sa jolie plastique et son agrément intense seront à vous pour 6 000 € minimum. Mais avec elle, t’as le look, coco.

2 : Renault 5 GT Turbo

r5-gt-turbo
Bloc culbuté mais train arrière multibras. Petite cylindrée (1,4 l) mais grosse puissance (115 ch) grâce au turbo. Tableau de bord signé Marcello Gandini (oui, l’auteur de la Lamborghini Countach) mais finition… Non, pas de finition. La R5 GT Turbo (ici une phase 2 de 120 ch) soufflait le chaud et le froid, tandis que son look tapageur faisait marrer les propriétaires de 205 GTI. Ils la ramenaient moins quand la R5 les déposait sur autoroute mais retrouvaient le sourire en montagne quand ils la voyaient peiner à motricer en sortie de virage. Mais ensuite, le turbo soufflait (enfin, pas avant 3 000 tr/min) et la R5 s’envolait. Pas longtemps, car au bout de 50 000 km, il cassait souvent, surtout quand les abominables ‘tuners’ s’en sont pris à la pauvre Renault. A bord, les couinement des plastiques rivalisaient avec ceux de Corynne Charby ; avec l’âge, les sièges s’affaissaient comme le budget de la sécu et les vitres électriques tenaient aussi longtemps qu’une promesse électorale. Mais aujourd’hui, la GT Turbo, devenue bien rare, demeure excessivement amusante à conduire et tout à fait performante. Rien de valable à moins de 5 000 €, avec tous les accessoires de carrosserie. Car c’est bien connu, le plastique, c’est fantastique.

3 : Citroën Visa GTI

citroen_visa-gti-105-ch
Bouh qu’elle était moche ! Bouh, quel habitacle immonde ! Ils le vendent ça ? Eh bien oui, car sous le capot, on trouve le moteur 1.6 de la 205 GTI (en 105 puis 115 ch). Et entre les roues avant, le train triangulé de celle-ci. Ah, ça rigole moins là ! Surtout qu’avec sa suspension arrière de 104, la Visa était plus stable en virage que la Peugeot et avec ses 5 portes, elle se montrait plus pratique pour emmener les bambins, qui aujourd’hui se passionnent plus pour les jeux vidéos que les voitures sportives… A mon avis, ce n’est pas un hasard. Fiable, efficace et finie à la truelle, la Visa GTI n’affole pas plus les foules aujourd’hui qu’en 1986 (malgré la pub où on la voyait chevaucher un sous-marin : il fallait bien ça). Résultat, elle ne cote pas plus de 4 000 €, quand on en trouve une… Mais n’espérez pas draguer la fille aux bas-nylons.

4 : Fiat Uno Turbo ie

Fiat Uno Turbo

La voiture de l’année 1984 (si, si !) s’est dotée en mai 1985 d’un superbe petit moteur sportif, gavé de technologie. Injection , turbo refroidi par eau, gestion électronique sophistiquée, il avait tout pour lui. Puissant (105 ch pour 1 301 cm3), il était progressif (pas de temps de réponse) et performant. Trop performant. En effet, les ingénieurs ayant claqué tout le budget alloué pour le développer n’avaient plus un radis pour le châssis, qui a juste reçu une suspension affermie et une barre antiroulis avant. Résultat, quand on attaquait en virage, le train avant glissait puis se tortillait comme un spaghetti (normal pour une italienne vous me direz) à la réaccélération. Dommage car la Uno freinait correctement. Très fiable mécaniquement, la Fiat adore en revanche la rouille (surveillez les chapelles d’amortisseur arrière), sa sellerie se déchire et ses fils électriques se coupent quand ils passent dans les portières. Introuvable en parfait état, elle se dégotte dès 3 000 € mais avec des défauts cosmétiques. Sarà perche ti amo !

5 : MG Metro Turbo

mg metro turbo
Ok, c’est pour le fun. La Metro n’a rien pour elle, à part des performances à peu près correctes et son look eighties à mort. Quand elle n’est pas dégonflée, sa suspension Hydragas joue les trampolines (les trains avant et arrière sont interconnectés), la tenue de de route demande un sacré sens de l’humour (anglais) dès que le bitume n’est pas absolument lisse, la motricité n’était pas au cahier des charges, pas plus d’ailleurs que la fiabilité : quelle idée de greffer un turbo sur le vieux bloc culbuté (1 275 cm3 pour 94 ch) apparu avec la Mini… Aujourd’hui, tous ces défauts qui sont autant de chances rendent la MG Metro Turbo irrésistible pour qui veut rouler décalé en écoutant Depeche Mode. Sauf qu’il faut en trouver une (environ 3 000 €), la rouille (pire que sur la Fiat) ayant décimé les quelques centaines d’autos vendues en France. Quant aux pièces détachées spécifiques, elles ont disparu-u-u, au coin de la rue.

5 Réponses

Laisser un commentaire