Imaginez. Vous vivez dans un pays sans limitations de vitesse (celle-ci pouvant même servir d’argument commercial), et sans radar. Bien sûr, les autoroutes restent encore rares, mais le territoire est quadrillé d’une multitude de nationales et départementales. Personne ne vient vous les briser avec des questions d’écologie, si votre patron vous agace vous démissionnez et trouvez immédiatement du boulot car il n’y a pas de chômage et si vous voulez vous éclater au pieu avec une belle inconnue, pas besoin de capote car il n’y a pas de sida. Ce pays, riche en paysages magnifique et en plats tous plus goûteux les uns que les autres, c’est la France d’avant 1973. D’avant la crise, le chômage et les limitations de vitesse sur autoroute. Pour la parcourir, on pouvait sans se ruiner s’offrir un roadster anglais bourré de charme et peu onéreux, comme la MGB. Allez, offrons-nous un petit retour en arrière de 40 ans à bord cette Britannique encore verte profiter de fines bouffées de douceur de vivre.

La MGB côté technique

Lancée en 1962, la MG type B prend la succession de la MG type A, très répandue (plus de 100 000 exemplaires) mais dépassée. Fruit d’une collaboration entre Pininfarina et Don Hayter, le styliste maison, la B arbore des lignes plus tendues, bien dans le ton de l’époque, qui permettent de dégager plus d’espace à bord.  Surtout, elle recourt à une structure monocoque, pas si courante à l’époque, gage d’un bon rapport poids/rigidité et surtout moins chère à produire en grande série qu’un châssis séparé. Autre signe de modernité, sa direction est à crémaillère (mais non assistée bien évidemment).
La MGB reprend la mécanique de la A en l’améliorant. Ainsi, le moteur culbuté de 1 622 cm3 passe à 1 798 cm3 (avec 2 carburateurs SU), pour une puissance de 94 ch à 5 400 tr/min. Pour sa part, le couple s’élève à 150 Nm, des valeurs aujourd’hui modestes mais tout à fait estimables en 1962, même si la technologie employée demeure très classique. En effet, l’arbre à cames reste latéral, le vilebrequin ne compte que 3 paliers (5 à partir de 1964) et la boîte 4 se passe de synchronisation sur le premier rapport jusqu’en 1967. En 1963, un overdrive (optionnel jusqu’en 1975) et fourni par Laycock de Normanville vient fournir une sorte de 5ème vitesse – voire de 6ème puisqu’il agit sur les 3ème et 4ème rapports – abaissant sensiblement le régime moteur une fois sollicité. Heureusement, le poids reste relativement contenu, à 920 kg.
Côté suspension, on s’en est tenu à de l’archi-classique, du pas cher et du robuste. L’essieu arrière demeure aussi rigide qu’un ministre droit dans ses bottes et la coque se pose sur lui via des ressorts à lames. Ne riez pas, à l’époque Ferrari, Maserati et Fiat utilisaient encore largement cette technique. En revanche, le train avant a droit à une triangulation inférieure et des ressorts hélicoïdaux ainsi qu’une barre antiroulis.  Pour leur part, les freins recourent à un dispositif mixte disques avant/tambours arrière.
Voici donc un ensemble fondamentalement simple et sain, qui permettra de rendre le prix de base attractif à l’époque (la MGB coûte moins cher en 1970 qu’une Fiat 124 Spider) et facilitera les restaurations de nos jours.

A bord de la MGB

Alors que certains confrères évitent toute comparaison avec les modernes quand il s’agit d’évaluer une ancienne, je vais procéder à l’inverse.
Les clients de MGA souhaitaient plus de confort avec la MGB : on peut dire qu’ils ont été entendus. Cette dernière offre en effet, outre une accessibilité évidente, une très bonne habitabilité pour deux ainsi qu’une position de conduite bien étudiée. Siège, pédalier et volant (tombant bien en main comme le pommeau de levier de vitesse) sont dans le même axe, alors que le siège offre un confort tout à fait convenable. On est assis très près du sol, mais comme on se trouve près du barycentre de la voiture, on se sent bien.
Devant soi, on découvre un petit combiné, comportant à sa gauche le compte-tours et à sa droite le tachymètre, tous deux très lisibles. De part et d’autre de ce combiné apparaissent les jauges à essence et de température d’eau/pression d’huile. Le cerceau, à la jante fine et de grand diamètre date la voiture. Composé de bakélite, il se relie au moyeu via 3 groupes de 3 branches fines, dégageant totalement la visibilité vers le tableau de bord.  Ces basculeurs chromés, ce plastique granuleux,  le sommet du tableau en ellipse, les compteurs Smith… C’est totalement sixties, discret pourtant et surtout de très bon goût, d’autant qu’on relève quelques accessoires très travaillés. Ainsi des boutons de chauffage ou de cette fort agréable liseuse logée entre la boîte à gants et la portière passager. Et puis cette odeur… Elle seule suffit à nous ramener 40 ans en arrière. On a envie de conduire. Ça tombe bien, le propriétaire de ce très bel exemplaire de 1969 me tend les clés.

3 Réponses

  1. Auto-Reverse

    Bonjour,

    Sympathique article. La MG B est vraiment une chouette voiture cruiser à son volant est vraiment un bonheur.

    Quelques nuances cependant: les freins sont assistés à partir de 1972, ce qui permet d’avoir une jolie version chromée avec un freinage plus que correct.
    Et le tableau de bord des version européennes est en acier verniculé, et non en plastique. C’est plus joli.

    J’ai écris un essai de mon auto:

    http://www.auto-reverse.com/raisons-objectives-de-rouler-en-mgb-gt/

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