Ecoulée à 23 000 unités, l’ancienne Corsa OPC n’a pas démérité commercialement, surtout vu son train avant complètement dépassé par les 192 ch. Sa descendante,  plus puissante de 15 ch, va-t-elle remettre les pendules à l’heure ?

Technique

Opel a horreur qu’on le dise, mais la nouvelle Corsa dérive de l’ancienne, elle-même partageant sa plate-forme avec la Fiat Grande Punto. Faut-il le déplorer ? Peut-être. En effet, à 1 293 kg (conducteur compris), l’OPC pèse 133 kg de plus que la Peugeot 208 GTI 30th au gabarit il est vrai plus compact. Côté liaisons au sol, l’Opel fait comme les autres : jambes McPherson à l’avant, essieu de torsion à l’arrière et amortisseurs passifs. Enfin presque, car fournis par Koni, ils s’équipent d’un système FSD (Frequency Selective Damping) sensible au style de conduite, capable donc de donner deux lois d’amortissement. Notons aussi, et c’est important, la présence en option d’un véritable différentiel à glissement limité ainsi que d’un ESP totalement déconnectable. Généreusement dimensionnées, les disques (330 mm à l’avant) sont cachés par de grandes jantes de 18 pouces, en 215/40, chaussées en Michelin Pilot Super Sport, si on a opté pour le Pack Performance (2 000 € tout de même) comprenant un vrai différentiel à glissement limité Drexler mais aussi des étriers avant Brembo à 4 pistons.

Sous le capot, on retrouve, retravaillé, l’excellent bloc 1,6 l turbo de l’ancienne OPC. Il passe de 192 à 207 ch, pour un couple de 245 Nm, grimpant à 280 Nm quand l’overboost entre en action. Attelé à une boîte 6 manuelle, il catapulte la Corsa à 100 km/h en 6,8 sec et la fait pointer à 230 km/h. Petit souci tout de même, avec une consommation moyenne de 7,5 l/100 km (un des effets du poids élevé mais aussi de l’absence d’injection directe), il émet 174 g/km de CO2, ce qui se solde par un malus de 2 200 €… Après discussion avec Volker Strycek, patron d’OPC, j’apprends que le bloc 1,6 l accepterait de développer 250 ch sans aucun souci. Intéressant…

Sur route, la nouvelle OPC saura-t-elle faire oublier le train avant volage de sa devancière ? Direction les routes de Bilbao pour le déterminer.

 

Au volant

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D’origine, l’OPC est bien équipée : clim auto, feux automatiques, régulateur de vitesse, sièges chauffants, radar interdistance, Bluetooth… Mais pour le GPS, il faudra utiliser celui de son smartphone, qui peut s’afficher sur l’écran tactile.

On a poireauté près d’une heure à l’aéroport de Bilbao le temps que les Corsa soient prêtes. Mais dès que j’ouvre la portière, je constate que ça en valait la peine. L’Opel profite d’un habitacle joliment dessiné et très bien fini, avec du plastique moussé en quantité sur la planche de bord, amis tâteurs et tâteuses.

Livrés de série, les baquets Recaro s’avèrent étonnamment confortables et la position de conduite est comme j’aime : assis bas, bras repliés, jambes tendues. Mieux, tous les gabarits y trouvent leur compte grâce à l’amplitude des réglages du siège comme du volant (hauteur et profondeur).

Je tourne la clé (un plaisir désuet que j’affectionne), desserre le frein à main classique (je hais les systèmes électriques) et lance le moteur qui s’éveille dans un ronronnement sympathique. J’enclenche la première et constate l’excellence de la commande de boîte, aux débattements courts et précis complétés d’un feeling agréablement ‘mécanique’. Pour sa part, la direction me semble un peu légère, mais certains confrères l’ont trouvée lourde : elle est donc à un juste milieu.

Ergonomiquement, les instruments sont clairs et l’on dispose d’une température d’eau, contrairement à l’ancienne OPC. Mais point de température d’huile ni de jauge de turbo. Et l’écran multifonction tactile est implanté beaucoup trop bas. Dommage…

Opel-Corsa-OPC-route

De série, l’OPC reçoit des projecteurs au xénon.

Dynamiquement, que vaut donc cette Corsa ? Douce et docile en ville, nantie d’un moteur très souple, elle procure ensuite sur route un confort de roulement étonnant vu sa vocation : elle est beaucoup plus prévenante que les Ford Fiesta ST et Peugeot 208 GTI 30th. Sur autoroute, elle jouit d’une bonne insonorisation, donc les longs voyages sont envisageables dans de très bonnes conditions. En outre, j’ai pu constater l’étagement judicieux de la boîte 6 mais aussi apprécier le pédalier qui se prête parfaitement au talon/pointe.

 

Opel-Corsa-OPC-profilBon, tout ça nous fait une bonne petite GT, pas une sportive. Alors direction les montagnes basques pour voir ce que la petite a entre les roues. Les virages commencent à s’enchainer, je hausse progressivement la cadence. Pour chercher la limite. Ne la trouvant pas, je pousse toujours plus. La voiture s’inscrit avec netteté, grâce à une direction précise, agréablement consistante et relativement communicative, s’accroche pire qu’un politique à son mandat, puis se relance sans aucune perte de motricité grâce au différentiel à glissement limité. Il faut s’y habituer au début, la voiture se dirigeant exactement dans le sens indiqué par le roues, sans sous-virer. Alors, je me crache dans le mains, et la Corsa répond ‘mais pas de problème, meine liebe’. Malgré son confort, elle contient parfaitement ses mouvements de caisse, aborde en appui fort les aspérités sans dévier de sa ligne (l’Astra OPC devrait en prendre de la graine), signe d’une excellente mise au point de la suspension. Donc, on peut négocier les virages sur un freinage très tardif et dégressif, ne relâcher totalement la pédale (un peu molle à mon goût) qu’au point de corde et écraser alors l’accélérateur. La Corsa se relance, que l’ESP soit branché, en mode Sport ou carrément off. Au lever de pied, l’arrière ne bouge pas mais si on freine fort tout en braquant, alors oui, il se place, ce qui positionne la Corsa plus tôt dans le sens de la sortie et donc, renforce encore son efficacité déjà bluffante.

Certes, le moteur, pâtit d’un léger temps de réponse à la remise brutale de gaz, et manque d’allonge passé 6 000 tr/min, mais il ne manque en aucun cas de punch. Sa linéarité plus marquée que sur l’ancienne OPC (son couple maxi est dispo jusqu’à 5 500 tr/min) laisse penser le contraire, mais il suffit de constater la férocité de l’auto dans les dépassements pour comprendre son muscle. Notons tout de même une tendance à louvoyer sur des freinages très forts, défaut que l’on retrouve sur la Clio III R.S., considérée comme LA référence des petites sportives. Pas méchant.

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L’échappement à double sortie est signé Remus.

Tout est naturel dans la Corsa OPC, pas d’artifice sonore façon jeu vidéo, pas de programmes de conduite trop ceci ou trop cela mais jamais satisfaisant, pas d’échappement pétaradant, juste une auto très bien mise au point, progressive dans ses réactions, toujours prévisible et surtout conçue par et pour des gens aimant conduire, voire piloter. Une très, très bonne surprise. Certes, une 208 GTI 30th est encore plus précise mais son amortissement très dur pourra rebuter au quotidien et je doute qu’elle soit vraiment plus efficace sur route lisse comme bosselée que la Corsa OPC. Celle-ci se positionne entre les deux 208 GTI par sa définition, donc réalise une synthèse étonnante entre sportivité et agrément au quotidien. Des griefs ? J’aimerais un moteur plus fort en caractère et moins porté sur la boisson (13,5 l/100 km en moyenne sur mon essai), une pédale de frein plus ferme, un pommeau de vitesses moins volumineux et… C’est tout ! Vivement un grand comparatif pour voir si effectivement, la Corsa OPC remet en question la hiérarchie actuelle.

Face à la concurrence

Opel-Corsa-OPC-statique

A 23 800 €, la Corsa OPC semble, malgré son malus de 2 200 €, plutôt bien placée compte tenu de son équipement riche face aux 208 GTI 30th (29 000 €), Fiesta ST (24 450 € + 250 € de malus), Clio R.S. EDC (25 850 € + 500 € de malus), et autre Polo GTI (26 390 € + 250 € de malus) mais l’Ibiza Cupra ne coûte que 22 485 € (+ 250 € de malus) avec la boîte DSG de série. Seulement, pour bien goûter à l’Opel il faut le Pack Performance, portant le prix à 28 000 €, ce qui commence à faire chérot… Enfin, la Clio Trophy 220 ch s’annonce comme une rivale dangereuse, à moins de 30 000 €.

Pour le reste

Nous avons essayé la Corsa avec le châssis sport comprenant la suspension affermie et le différentiel Drexel, sans oublier les jantes de 18 pouces. Je serais curieux de voir comment se comporte la version standard.

Opel-Corsa-OPC-jante

Essai Opel Corsa OPC 2015 : un éclair savoureux
Caractéristiques Moteur : 4 cylindres, 1 598 cm3, turbo CO2 : 174 g/km Puissance : 207 ch à 5 800 tr/min Couple : 280 Nm à 1 900 tr/min, Poids : 1 293 kg (6,24 kg/ch), Vitesse maxi : 230 km/h (constructeur) 0 à 100 km/h : 6,8 sec (constructeur) Prix de base : 23 800 € En vente : Maintenant
MOTEUR80%
COMPORTEMENT90%
QUALITE & DESIGN75%
CONFORT & PRATIQUE75%
EMOTION85%
Les +
  • Amortissement excellent
  • Châssis équilibré
  • Agrément/efficacité
Les -
  • Moteur un peu terne
  • Pédale de frein pas assez ferme
  • Conso un poil élevée
81%Note Finale
Note des lecteurs: (59 Votes)
58%

6 Réponses

  1. Speed

    Excellente surprise vue d’ou elle partait. Peut être un des « coups » de l’année. Ma synthèse sur le modèle aurai été la même que le début de votre conclusion!!!

  2. Mike

    Bonjour,

    Attention, encore une fois le poids de la Corsa est donné avec le conducteur de 75kg.
    Le poids à vide est donc de 1218kg. Comparé aux 1160kg à vide (!) de la 208 GTI, cela ne fait qu’un écart de seulement 58kg, et non de 133kg comme dit dans l’article!

    Merci d’éviter de propager les inepties habituelles comme quoi une Opel c’est lourd et ça patine…

    D’ailleurs, la génération précédente n’était « battue » dans ce domaine (le poids) que par la 207RC, toutes les autres étaient au dessus des 1203kg de la Corsa OPC, également réputée pour son agilité, donc bon…

    Je possède la génération précédente, et à moins de la conduire comme un abruti (cf un neuneu au feux rouge ou en essayant de drifter dans un rond point), ça ne patine pas tant que ça, voire pas du tout.
    Bien évidemment, sur circuit, c’est moins efficace qu’une Clio (2/3) ou qu’une 206/207. Mais ça reste fun étant donnée la hargne inépuisable du moteur.

  3. Mike

    D’ailleurs dans votre article sur la 208 GTI 30th, il est indiqué que le poids passe de 1160 pourla GTI à 1185 pour la 30th.

    Donc l’écart avec la Corsa n’est plus que de 33kg!
    Comparé à « vos » 133 kg, ça me parait un peu fort comme erreur/négligence/oubli…

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