Une caresse délicieusement tiède du soleil n’est pas commune au mois de janvier. Du moins en région parisienne, car en Californie, une température de 18°C n’a rien d’exceptionnel. Une bien jolie ville, San Diego, colorée et animée, mais ce n’est pas pour des simples raisons touristiques que je me trouve au sud des Etats-Unis. Un dur labeur m’attend. Un V8, quelle banalité ici. Une Mercedes ? Pfff, il y en a des millions. Certes, mais quand la belle allemande se pare d’une carrosserie effilée et d’une paire de turbos, il y a de quoi soulever une paupière. Allons, tout ne va pas si mal quand il s’agit d’essayer la toute nouvelle CLS63 AMG.

La Mercedes CLS63 AMG côté technique

Oui, elle s’appelle toujours 63 mais son moteur ne cube plus que 5,5 litres. D’une cylindrée exacte de 5 461 cm3, le bien-aimé V8 M157, paré d’une belle paire de turbines, développe la puissance presque correcte de 525 ch à 5 250 tr/min (couple de 700 Nm à 1 750 tr/min). Je dis presque parce qu’il y doit y en avoir à qui ça ne suffit pas vu qu’AMG propose un pack permettant de la porter à 557 ch (et 800 Nm à 2 000 tr/min)…

Bon, rien que là, on peut saliver. Et mépriser les grincheux qui vous rétorqueraient que cette CLS63 doit consommer autant qu’un U-Boat encrassé et recracher autant de CO2 que le Lichtenstein. Car la consommation moyenne de cette über-berline-coupé ne dépasse pas 9,9 l/100 km en moyenne (4,6 l/100 km de moins que sa devancière de 514 ch), pour 231 g/km de gaz carbonique. Comment ? Grâce à l’usage d’un ‘Stop and ‘Start’, une cylindrée réduite, des accessoires pilotés (pompe à huile, alternateur) ou encore des injecteurs piézo-électriques. De plus, la boîte troque son gourmand convertisseur hydraulique pour une série d’embrayages à bain d’huile, plus frugaux : c’est la fameuse MCT Speedshift à 7 rapports. Par ailleurs, le couple plus important conféré par la suralimentation permet d’allonger les rapports (de boîte) et d’abaisser ainsi le régime moteur. On est d’accord, tout ça c’est de la théorie, les tests normalisés d’homologation ayant autant de rapports avec le monde réel qu’un ministre de l’intérieur ne voyant aucune pagaille sur les routes. A propos de route, la CLS décide d’y coller grâce à une suspension mixte, à ressorts métalliques à l’avant et pneumatiques à l’arrière. Toutes les roues sont guidées par plusieurs bras, tandis que les amortisseurs sont actifs. Le train avant, spécifique, s’élargit de 24 mm tandis que la direction à assistance variable s’adapte au mode de suspension choisi et permet, par sa gestion sophistiquée, d’économiser jusqu’à 0,7 l/100 km de carburant.
Les jantes de 19 pouces se chaussent de pneus de 255/35 à l’avant et de 285/30 à l’arrière, et cachent des disques (de 360 mm, mordus par des étriers à 4 pistons) aussi ventilés que perforés aux 4 coins (carbone-céramique en option).
Tous les ouvrants, ainsi que certaines parties du châssis, recourent à l’aluminium pour limiter un poids qui atteint tout de même 1 870 kg (dont 204 kg de moteur). Heureusement qu’on a une cavalerie kolossale sous le pied !

A bord de la CLS63 AMG

Cette génération de CLS a fait un bon en avant point de vue finition. Cuir Nappa, revêtement façon laque de piano, plastiques de très haute qualité… Certes, le style est moins fluide, moins enveloppant, plus raide qu’auparavant mais ce bois clair immonde et à peine verni qui faisait face à un innocent passager avant a disparu. Le tableau de bord couvert de cuir arbore sur sa console centrale un afficheur multifonction, servant notamment au GPS, écran qui se retrouve en plus petit entre les cadrans (estampillés AMG). Il surplombe une très jolie montre à aiguilles pratiquement kitsch, incrustée entre deux splendides aérateurs en aluminium.
Le levier de vitesse arbore une forme rectangulaire spécifique, alors que les sièges électriques se règlent en tous sens. Comme toujours chez Mercedes, l’ergonomie est déroutante : les essuie-glace et les clignos se trouvent sur le commodo unique, l’ordinateur de bord comporte un nombre de sous-menus à donner des migraines à un chercheur du CNRS, les sièges se règlent depuis les portières et la console centrale, le GPS depuis une molette et non par écran tactile…
Heureusement, vu la pléthore de réglages, on se concocte une position de conduite parfaite, même si la ceinture de caisse remonte très haut. Les palettes en aluminium de changement de rapport s’avèrent judicieusement positionnées, il est temps de lancer la grosse cavalerie.

Sur la route avec la CLS63 AMG

On doit encore tourner une clé pour lancer le moteur, enfin, un objet en plastique faisant office de clé. Ceux qui adorent la sonorité de l’ancien 6.2 atmosphérique (dont je fais partie) pouvaient légitimement s’inquiéter de l’effet tampon des turbos.

Qu’ils se rassurent : le tapement rageur et métallique demeure. Sur la console centrale, décidément très chargée, se trouve un bouton rotatif permettant de choisir entre les programmes ‘C’, ‘S’, ‘S+’ et M gérant la suspension, la cartographie moteur et la transmission. Je le place en ‘S+’, qui acère la mécanique. Dès qu’on effleure l’accélérateur, on a l’impression de marcher sur la queue d’un léopard : rugissement garanti. Mais pas de morsure, non : on est plutôt écrasé dans le fauteuil, tandis que les rapports s’égrènent sans temps mort. Le 0 à 100 km/h annoncé en 4,4 sec n’a rien d’improbable. Attention tout de même, nous sommes en Californie, où la vitesse est limitée à 70 mph (soit 112 km/h) sur autoroute. Certes, tout le monde roule à 140 km/h, mais tout de même : à la moindre reprise, la CLS donne l’impression de tirer vers elle le ruban autoroutier comme s’il s’agissait d’un rouleau de moquette.
A vitesse stabilisée, le hurlement s’éteint et la Mercedes cruise aimablement, en berçant ses passager au rythme du gri-gri agaçant émanant du porte-gobelet central.

Notre parcours prévoit de nombreux miles montagneux : direction les virolos. Le trafic faible, la météo clémente et le revêtement lisse incitent à augmenter la cadence. On reste en mode ‘S+’, pour une meilleure rapidité de la boîte (l’amortissement reste ferme quoi qu’il arrive). Bien plus réactive que celle de l’ancienne CLS (pas dur), elle n’égale tout de même pas une bonne unité à double embrayage de ce point de vue (on pense à celle des Nissan GT-R et Ferrari California), surtout lorsqu’on se sert des palettes. De plus, elle ne fait pas toujours ce qu’on lui demande et à la réaccélération, il faut aussi compter avec un léger temps de réponse des turbos.
Mais n’allons pas trop vite. La CLS s’inscrit en virage sans violence mais avec précision, et une fois calée, elle fait montre d’un grip latéral remarquable. La direction pourra it se montrer plus informative, mais, d’une bonne consistance, elle permet de placer la voiture où on veut. D’une pression sur une touche (et non pas en devant aller fouiller dans les arcanes de l’ordinateur de bord), on débranche l’ESP (qui se rebranche tout seul au freinage), ce qui autorise de belles dérives en sortie de courbe. Attention tout de même à ne pas trop en faire : quoi qu’affairée à traquer l’immigrant mexicain clandestin, la maréchaussée pourrait nous tomber sur le paletot.
La limite du sous-virage reste lointaine, et si on l’atteint, on lève le pied et la voiture resserre la trajectoire, signe d’un châssis bien équilibré. Très puissant, le freinage se montre aussi endurant, quoique la pédale manque légèrement de ressenti. Du coup, je ne dirai pas qu’entre deux virages d’une route serpentant dans un paysage lunaire (les stigmates de l’incendie de forêt de 2009 restent impressionnants), je me suis autorisé un petit 240 km/h : je n’ai pas envie de me faire arrêter à la frontière la prochaine fois que j’irai aux States.

Bilan

Belle, superbement motorisée, nantie d’un châssis très bien équilibrée et formidablement homogène, la CLS63 AMG concilie rage et confort avec un rare brio. Certes, on aimerait une boîte plus docile et vive (même si elle convainc plus que la DCT de la SLS), mais cette super-Mercedes distille un agrément de conduite palpable. On jettera un voile pudique sur la consommation en usage sportif (il faut bien nourrir les 525 ch), mais quand on a les moyens de dépenser quelques 130 000 € dans une telle auto, on se moque de la pompe, ou alors on roule en S350 CDI optionnée.

S.S.

Essai : Mercedes CLS63 AMG, Californikazion
Caractéristiques Moteur : V8, 5 461 cm3, biturbo Puissance maxi : 525 ch à 5 500 tr/min Couple maxi : 700 Nm à 1 750 tr/min Vitesse maxi : 250 km/h (limitée) 0 à 100 km/h : 4,4 sec (constructeur) Prix de base : Env. 130 000 € En vente : Printemps 2011
Moteur90%
Comportement85%
Qualité & Design85%
Confort & Pratique70%
Emotion80%
LES +
  • Moteur fantastie
  • Châssis équilibré
  • Ligne
LES -
  • Boite toujours un peu lente
82%Note Finale
Note des lecteurs: (5 Votes)
80%

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