Break, 560 ch. Break, 560 ch. D’aucuns se demanderont si cela a un sens de lancer une telle auto vu le contexte actuel. Mais pas chez Audi, dont nous allons tester le dernier monstre, dénommé RS6, sur les autobahns entourant Munich.

Technique

La RS6 de troisième génération fait naturellement le plein côté technologie. Sous le capot, le V10 5,2 litres biturbo a cédé la place à un V8 doté de deux turbos à double entrée mais à la cylindrée réduite : 4,0 litres. Du coup, la puissance chute de 580 à 560 ch mais étonnamment, le couple progresse, lui, de 650 à 700 Nm ! Par ailleurs, le moteur se dote d’un système de désactivation des cylindres suivant la charge accélérative, ce qui lui permet de se comporter en 4-cylindres le cas échéant. A ce moment, les paliers actifs interviennent pour contrecarrer d’éventuelles vibrations. Un système exclusif à Audi. Par ailleurs, il profite d’une injection directe bien sûr, et d’un système stop and start, ce qui lui permet d’afficher une consommation moyenne de 9,8 l/100 km, soit une baisse de 40 % par rapport au modèle précédent. Une baisse théorique, bien sûr… La transmission s’effectue bien sûr aux quatre roues, via un différentiel central autobloquant mécanique refroidi par eau, qui répartit la puissance sur un rapport de base de 40 % à l’avant et 60 % à l’arrière. Mais suivant les conditions, ce rapport peut varier à 70/30 ou 15/85, en continu, grâce une gestion électronique évoluée. Pour sa part, le différentiel arrière devient actif en option pour améliorer la mobilité de la poupe. De son côté, la boîte de vitesses automatique provient désormais de chez ZF et compte 8 rapports, avec possibilité de les sélectionner via des palettes. La suspension conserve le dispositif déjà vu sur d’autres Audi RS, où les quatre amortisseurs sont interconnectés par un circuit hydraulique en X géré par une valve centrale (système DRC). Le tout est contrôlé par électronique et offre trois modes de conduite via le Drive Select : Confort, Auto et Dynamic. En option gratuite, on peut troquer les ressorts métalliques contre des coussins pneumatiques mais dans ce cas, il faut se passer du DRC. Point important, Audi a effectué un gros travail sur les matériaux, ce qui permet à la RS6 de s’alléger d’une centaine de kilos, pour un total de 1 920 kg tout de même. Pour arrêter cette masse, on trouve derrière les jantes de 20 pouces (21 en option) des étriers avant à 6 pistons mordant des disques en acier de 390 mm, remplaçables (contre 9 800 €) par des éléments en céramique de 420 mm. Les performances ? Le 0 à 100 km/h s’effectue en 3,9 sec, mais la vitesse de pointe, quoi qu’il arrive limitée, varie selon les options. De 250 km/h d’origine, elle passe à 280 km/h avec le pack Dynamique à 3 000 € (comprenant également le différentiel arrière Quattro Sport) et 305 km/h avec le pack Dynamique Plus (12 670 €).

Au volant

C’est là que les choses sérieuses commencent. Nous prenons possession de notre RS6 équipée du pack Dynamique à l’aéroport de Munich. A bord, la finition atteint un niveau impressionnant, comme toujours chez Audi, supérieure en tout cas à ce que l’on trouve chez Mercedes ou BMW. La présentation sobre n’oublie pas une certaine élégance avec ces panneaux en aluminium affichant une texture très travaillée, et la position de conduite ne suscite que des louanges. Contact sur bouton de démarrage : le V8 s’éveille dans une sonorité déjà suggestive : merci les échappements à clapets. Nous quittons le domaine aéroportuaire et testons les accélérations : sacré nom de D* #*$ ! Ce break prodigue des poussées surréalistes, pour ainsi inutilisables sur route ! Mais bien vite, nous nous retrouvons sur autobahn, et une fois le panneau de fin de limitation franchi : gaaaaaaz ! En un souffle nous voici à 200 km/h (moteur tournant à 3 000 tr/min…) et en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire – les reprises restent époustouflantes même à 220 –, nous atteignons le limiteur fixé à 280 km/h.

Le moteur, si rageur et musical en accélération, retrouve une certaine discrétion, les bruits divers sont bien étouffés et la tenue de cap idéale. Bref, on pourrait croiser longtemps à cette vitesse invraisemblable, d’autant que la suspension en mode Auto filtre bien les inégalités. N’était le trafic… Il faut freiner, parfois fort, ce qui révèle la mollesse initiale de la pédale. La puissance de décélération n’est pas à remettre en cause, mais les couinements générés ne mettent pas en confiance. Manifestement, certains se sont bien amusés avant nous !

Cela dit, sur le réseau secondaire, le bilan s’assombrit. Comme sur la RS5, le train avant manque totalement de mordant et la direction, bien peu consistante malgré son assistance et son rapport de démultiplication variables en continu, ne renvoie pratiquement aucune information. On a l’impression que le volant n’est pas connecté mécaniquement aux roues ! Cela complique l’attaque des virages, qui se fait visuellement selon un rapport vitesse/angle de la courbe et non sensoriellement, selon les informations renvoyées par la voiture. Du coup, on s’en remet entièrement à cette dernière qui, heureusement, profite d’une excellente adhérence. Et sous forte accélération, roues braquées, l’arrière peut légèrement se décaler. Néanmoins, la RS6 ne met pas en confiance pour attaquer les virages où elle s’avère peu précise et bien peu mobile.

Rien à voir avec une BMW M5. Pire, en mode Dynamic, la suspension devient un véritable tape-cul, incapable d’absorber les bosses sans faire dévier la voiture, au point même de perturber la tenue de cap sur autoroute. A réserver aux dimanches sur circuit, à condition que la surface de la piste soit bien lisse, comme au Castellet par exemple. Cela dit, grâce au Drive Select, on peut configurer complètement la voiture : direction, V8 et transmission en Sport, suspension en Auto, et on obtient un ensemble tout de même assez plaisant. Par ailleurs, la boîte 8 Tiptronic possède un véritable mode manuel (pas de passage du rapport supérieur quand intervient le limiteur) et un mode Sport qui permet de sentir les rapports s’engrener. Une belle réussite, d’autant que les palettes agissent pratiquement sans délai. Nous avons ici affaire à un ensemble moteur/boîte d’anthologie (ah, ces crépitements au lever de pied !). Franchement. Face à la concurrence Audi a la bonne idée de ne pas avoir la main trop lourde côté tarif : à 120 600 €, la RS6 coûte 3 000 € de plus qu’une BMW M5 (560 ch) mais offre en plus la transmission intégrale tandis que la Mercedes-Benz E63 AMG 4 Matic Break (557 ch) revient à 126 600 €. Mais l’Audi demeure moins amusante. De série, elle comporte le toit ouvrant, la suspension active, la direction dynamique, le GPS, le système d’infotainment, les sièges mixtes cuir-alcantara massants et à réglages électriques ou encore la hifi Bose. Un équipement déjà complet, heureusement car les options sont chères : à partir de 2 170 € pour des jantes de 21 et jusqu’à 10 250 € pour une finition tout cuir…

Pour le reste

Pour profiter au maximum du moteur, incontestablement le gros point fort de la RS6, nous vous conseillons l’échappement Sport à 1 200 €, qui prodigue une sonorité franchement jouissive. La consommation en usage très soutenu est ressortie à 23,0 l/100 km lors de notre essai. On reste loin des 9,8 l/100 km annoncés, mais avec les E63 AMG et M5, on franchit facilement les 30 l/100 km. La puissance fiscale est de… 64 ch !

Essai : Audi RS6
Caractéristiques Moteur : V8, 3 993 cm3, biturbo CO2 : 229 g/km Puissance : 560 ch à 5 700 tr/min Couple : 700 Nm à 1 750 tr/min Vitesse maxi : 250, 280 ou 305 km/h (limitée) 0 à 100 km/h : 3,9 sec (constructeur) Prix de base : 122 700 € En vente : Maintenant
Moteur90%
Comportement75%
Qualité & Design90%
Confort & Pratique70%
Emotion75%
LES +
  • Moteur/boîte d'anthologie
  • Sonorité
LES -
  • Travail inconsistant
  • Châssis inerte
80%Note Finale
Note des lecteurs: (19 Votes)
87%

13 Réponses

  1. Jojo

    Démentiel, mais totallement dénué d’intérêt en France malheureusement !
    Tout est fait ici pour que chaque jour un peu plus rouler soit une véritable contrainte, l’automobile ramené à un simple déplaçoire auquel il est formellement interdit et même mal vu de prêter une quelconque attention, ne parlons pas de passion !
    Pour rouler au quotidien et avoir la chance de faire 50 000km au volant d’une compacte de plus de 300cv et 460nM je peux vous dire qu’autant de puissance doit être sacrément jouissif même si malheureusement ce type de gabarit n’est adapté qu’à l’autoroute

  2. stephen60400

    le seul intérêt des voitures sportives est soit sur la Côte d’Azur pour être fière de son parcours de vie, soit en pleine campagne où les feignants ne se déplaceront pas.

  3. Miki

    Esthétiquement elle est très belle!
    Mais autant de puissance pour au final n’avoir aucune sensation de conduite à part des accélérations en ligne droite franchement bof bof surtout quand on voit le prix de la bête!
    Pour 30 000€ de moins on a une GTR dont tout le monde connais les performances…
    Et d’ailleurs je préfère encore une voiture avec deux fois moins de puissance mais qui au moins me colle la banane au premier virage et surtout après avoir grimpé un col!

    • gOOli

      Oui certes mais vous parlez là de toutes autres voitures !
      La RS6 est un break et son terrain de « jeu » est les grandes routes ou à la rigueur les départementales pas trop étroites ni trop tortueuses. Là dessus elle vous permet de faire jeu égal avec une sportive affutée mais en emmenant les enfants, le chiens, les valises et peut-être la belle-mère.
      Pour avoir fait des montées de cols Pyrénéens en A6 Avant (tdi, oui je sais…) en serrant les fesses, gabarit oblige, je préfère largement une moto, à défaut d’une caterham par exemple.

  4. OLI

    je trouve le principe du break de chasse pour papa pressé juste hallucinant, inutile et en même temps j’adore!
    voiture de folie… de quoi emmener la famille avec le chien dans le coffre sur le Ring!

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