Voici non pas la plus délirante des Caterham, mais l’une des plus rares. Eh oui, il n’existe qu’un unique exemplaire de cette ‘modeste’ version équipée du petit 3-cylindres Ford Ecoboost. C’est au Castellet qu’il nous a été confié le temps de quelques tours.

La technique

Un moteur à 3 cylindres voué aux économies d’énergie pour évoquer le plein de sensations… Certes. Sauf qu’il équipe ici une Caterham. Et ça change tout ! Conçu afin de limiter au mieux consommations et émissions de CO2, ce pétillant bloc de 998 cm³ turbo à injection directe motorise actuellement les Fiesta, B-Max, Focus et C-Max dans des configurations allant de 80 à 125 ch. C’est cette dernière version qui équipe notre voiture.
Ici implanté dans le sens longitudinal sur une base de Caterham 1.6 et relié au train postérieur, ce bloc 1.0 SCTi a nécessité l’installation d’un capot avant en partie rehaussé étant donné son architecture longue-course et donc, sa hauteur importante. Élu moteur de l’année en 2012 (devant le V8 4.5 Ferrari…), il affiche toujours 125 ch à 6 000 tr/min et 200 Nm dès 1 400 tr/min et se voit associé à une boîte manuelle à cinq rapports. Et tandis qu’il devrait bientôt motoriser la Mondeo, il n’a ici que 550 kg environ à propulser.

Au volant

S’installer demande ici du temps, de la souplesse et une dextérité plus grande qu’à l’abord d’un C-Max. Défaire les boutons pression de la portière en toile, retirer le volant, écarter du fond du siège les lanières du harnais, se glisser dans l’habitacle, refixer le volant, puis rattacher le harnais quatre points ainsi que la portière. Après quoi, si vous réalisez avoir oublié les clés… dommage. Au moins se sent-on parfaitement calé au sein d’un habitacle étriqué dans les deux axes et dans lequel (on est dans une Caterham) l’ergonomie frôle le zéro, que le volant soit à gauche ou comme ici, à droite de la colonne centrale. On ne dispose d’aucun cale-pied, les rétroviseurs extérieurs ne servent à rien et en virage serré, votre main gauche vient heurter le bas de votre cuisse. Des détails insupportables peut-être dans une citadine, mais qu’on oublie ici bien vite une fois le casque sur la crâne, prêt à s’élancer sur piste.

Au ralenti déjà, le petit 3-cylindres émet bien plus de vibrations qu’au sein des compactes de la gamme Ford. Parfaitement confiné dans une Fiesta, une Focus ou un C-Max, le bloc n’a plus ici ses silent-blocs pour l’isoler proprement du reste de la caisse. Mais là encore… On se fait un plaisir au volant d’une Caterham de sentir la mécanique vibrer d’un bout à l’autre de l’engin. Un détail qui une fois l’auto lancée entre deux virages, se fond d’ailleurs parmi les trépidations dues aux bourrasques, celles qui s’invitent crescendo au sein du cockpit au-delà de 100 km/h.

C’est lors des 10 000 Tours du Castellet, durant une courte session ‘Club’ que nous a été confiée cette Caterham EcoBoost. Et elle a beau ne présenter que 998 cm³, l’auto procure plaisir et performances au milieu des Mustang et autres 911 GT3. Particularité de cette Caterham toutefois, un plaisir qui débute sous 2 000 tr/min et se termine relativement tôt là aussi, vers 6 500 tr/min. Nul besoin donc de cravacher cette Caterham pour espérer avoir du répondant. Néanmoins, n’espérez pas faire glisser le train arrière dès 1 500 tr/min sur le sec malgré le couple généreux disponible dès les bas régimes. Il en faudra un peu plus à l’auto (une petite averse peut-être) pour se montrer piégeuse. Du reste, la boîte de vitesses possède un étagement relativement court, permettant au 3-cylindres de ne jamais se montrer poussif, creux. C’est d’un mouvement ferme appliqué en deux temps que chaque rapport est enclenché tandis que la pédale d’embrayage se caractérise par une certaine souplesse et une course assez longue. De fait, la prise en main se révèle facile et naturelle malgré la nécessité d’actionner le levier avec la main gauche.

Outre un bosselage quelque peu disgracieux sur le capot avant, l’implantation du 3-cylindres Ford s’avère donc une réussite d’un point de vue strictement mécanique. Côté bande-son, on a même droit au souffle du turbo et surtout, à un chuintement aigu, celui de la wastegate, particulièrement présent au moindre lever de pied. Idéal pour l’ambiance. Ce moteur offre également toute la vivacité qu’on pouvait attendre de lui dans une telle sportive, ainsi que de la souplesse et une belle progressivité dans ses montées en régime. Les plus pointilleux ne le trouveront peut-être pas aussi réactif que les blocs atmosphériques, limitant un peu la possibilité de jouer à l’accélérateur avec les limites d’adhérence. Mais il permet à cette Caterham de ne pas se montrer trop agressive ou intimidante en conduite rapide. Aussi, on l’imaginerait volontiers comme voiture-école pour apprenti pilote. La faible masse appliquée sur le train avant (qui limite quelque peu le grip du train directeur) génère en outre une tendance sous-vireuse aisément ajustable via l’accélérateur. Et lorsqu’on sait que ce petit 998 cm³ peut en réalité donner bien plus de 125 ch (lire un peu plus bas), on regrette qu’une telle formule ne puisse être proposée en série comme entrée de gamme économique. Pour comparaison, dans une Fiesta de plus d’une tonne, ce bloc de 125 ch annonce 4,3 l/100 km et seulement 99 g/km de CO2…

Face à la concurrence

Difficile d’évoquer quelconque concurrence lorsqu’il s’agit d’un prototype. Ford souhaite utiliser ce modèle unique comme spécimen démonstrateur des capacités de son excellent petit 3-cylindres. Et c’est chose réussie. Pourtant associé à Ford, Caterham a toutefois récemment signé un accord avec Suzuki pour l’implantation d’un 3-cylindres 660 cm³ d’à peine plus de 80 ch pour son nouveau modèle d’entrée de gamme. Cette Caterham EcoBoost n’a donc vraisemblablement d’autre avenir que celui de proto. Et c’est bien dommage.

Pour le reste

Ford a également implanté ce petit 3-cylindres turbo au coeur d’une Formule Ford, et lancé le tout sur le Nürburgring. Chaussée de pneus slicks, l’auto a alors tourné là-bas en 7 min 22 sec. Détail important, le moteur 998 cm³ était ici poussé à 205 ch ! Et homologué pour la route… en Angleterre.

 

Essai : Caterham 1.0 EcoBoost, l'unique
Caractéristiques Moteur : 3 cylindres, 998 cm³, turbo CO2 : non communiqué Puissance : 125 ch à 6 000 tr/min Couple : 200 Nm à 1 400 tr/min Vitesse maxi : non communiqué 0 à 100 km/h : non communiqué En vente : Jamais
Moteur90%
Comportement90%
Qualité & Design75%
Confort & Pratique50%
Emotion95%
LES +
  • Implantation réussie
  • Sensations
  • Performances
LES -
  • Production improbable
80%Note Finale
Note des lecteurs: (8 Votes)
65%

2 Réponses

  1. Rom

    C’est vraiment dommage que ça ne soit pas cette version qui serve d’entrée de gamme. Surtout avec ce moteur qui arrive à développer jusqu’à 125 chevaux pour un poids si contenu.

    Il parait que le moteur Suzuki peut néanmoins êter facilement boosté.

    A voir…

  2. Speed

    Joli essai et compte rendu intéressant. C’est bien de pouvoir avoir à disposition ce genre d’engin et de les essayer (‘les autos tests « labos » sont rarement disponible pour la presse et le public). Ford faisait un « show » de leur produits sportifs et « dérivés » durant cette session dites « Club » pendant l’épreuve des 10 000 tours du Castellet? Cela y ressemble bien en tout cas!!!
    Pour ce qui est du 1,0l Eco Boost monter sur la Formule Ford du record au Nurb’ ils ne développait 225 ch que durant la tentative chronométré. Quand vos confrères anglais d’Evo l’on essayé, ils était volontairement bridé à 180 ch pour la fiabilité. Et même là il ne pourrai peut être pas encaisser des millions de kilomètres.
    Sinon c’est vrai qu’a 125 ch il ferai une entrée de gamme idéale chez Catheram, plus logique en vue des partenariats moteurs ancien avec Ford que l’alliance (occasionnelle???) avec Suzuki qui leur à juste « recyclé » un bloc ayant presque 25 ans de conception (au moins) se trouvant déjà dans la « Kei Car » local, la Cappuccino il y a 20 ans!!! Pour ce qui est de la personnaliser, regarder sur les forums de de passionné du modèle, il existe des évolutions jusqu’à 140 ch (fiabilité?) pour un 660 cm3!!!
    C’est vrai qu’à la base ce bloc est ce qu’il y a de plus sportif car il dérive d’une……………mini pelleteuse Isuzu!!!

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