Si certains constructeurs ne méritent pas forcément la gloire qui leur est parfois attribuée, d’autres autos sont injustement boudées. Après de violentes tractations, l’équipe de Speedfans a réussi à séparer le bon grain de la vraie ivraie.

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Alfa Romeo Arna :

Face aux Kadett et autres R11, l'Arna avec ses roues indépendantes et  son boxer n'était pas ridicule

Face aux Kadett et autres R11, l’Arna avec ses roues indépendantes et son boxer n’était pas ridicule

Dans un souci de diversification, la noble firme Italienne construit une unité de production dans le sud de l’Italie en 1972. L’édification de l’usine prend un temps fou, et la qualité des autos qui en sortent est catastrophique. Pour ne rien arranger, la 33 n’est pas une amélioration de l’Alfasud qu’elle remplace (les freins arrière passent de disques aux tambours). Carburant au prozac, les dirigeants d’Alfa Romeo tentent un partenariat avec Nissan. La nouvelle Arna a donc droit à une nouvelle usine à Pratola Serra, à des roues arrières enfin indépendantes tandis que les pièces de carrosserie sont fabriquées et traitées au Japon. Mi-sushi, mi-spaghetti, l’Arna n’était pas pire qu’une affreuse Renault 11… En Angleterre, une 1,3 l de 71 ch était vendue au même prix qu’une Visa 11 RE: le choix est vite fait ! Il est de bon ton de la bouder : ne tardez pas, vu la rareté de l’engin, ce sera peut-être le summum du snobisme d’être vu là dedans ! Celle de la vente Artucrial il y a un an, est d’ailleurs partie assez cher…

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Citroën BX :

La jointure aile/pare-chocs prête à sourire, mais les 160 ch sont  prometteurs

La jointure aile/pare-chocs prête à sourire, mais les 160 ch sont prometteurs

La majorité des lecteurs de Speedfans n’y toucherait pas, même avec un bâton. Il faut se faire à un style cunéiforme, une qualité d’assemblage très relative et une image aussi glamour qu’une mine de charbon du Nord-pas-de-Calais. Une fois ces sacrifices faits, vous pourrez profiter d’une auto étonnamment spacieuse, pratique, très confortable, rivée au sol, et légère mis indestructible. Carl Hahn, alors patron de VW, affirma même qu’il s’agissait de la « meilleure voiture de monde »! A moins qu’il ne s’agisse d’humour allemand ? (concept étonnant j’en conviens) Face aux Opel et autre Ford Sierra de l’époque, la française était nettement en avance. Elle profite également de nombreuses versions sportives aujourd’hui oubliées : GT (105 ch), GTI (125 ch, injection, également disponible en transmission intégrale), Sport (126 ch)… et surtout la 16 soupapes, dont le 1,9 l développait 160 ch. Oublions par contre la 4TC, conçue dans l’urgence et sans budget, au moteur Chrysler France en porte-à-faux avant. Vous savez, cette marque qui a bien fait de disparaître ?

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Ferrari 412 :

Un brin moins spectaculaire qu'une 250 GTO, la Ferrari 412 n'en reste pas moins désirable !

Un brin moins spectaculaire qu’une 250 GTO, la Ferrari 412 n’en reste pas moins désirable !

Il faut être un brin fêlé du caisson pour aimer les italiennes de l’époque « années de plomb ». Et pourtant, au milieu d’ignominies genre Alfa 90, certaines méritent clairement le détour. Remplaçant une lignée de chef d’œuvres, la Ferrari 365 GT4 2+2 a longtemps été critiquée. Ses évolutions lui font perdre un peu de son charme (ah, les coloris du début des années 70 et la console centrale en bois !) mais lui font gagner en fiabilité. L’ultime version, la 412, est peut-être la meilleure et la plus facile d’utilisation. La malle surélevée n’est pas au goût de tout le monde, tout comme l’intérieur très typé de son époque. Ces considérations sont largement compensées par une prestance étonnante, 4 vraies places, et un V12 340 ch qui constitue une des preuves de l’existence de Dieu sur terre. Avec la Mondial dont nous vous parlions dernièrement, c’est une des rares Ferrari à être – presque – abordables à l’achat. Certaines grosses GT plus anciennes hier boudées ont déjà vu leur valeur décoller, comme l’Aston Martin DBS. Trouvez-moi un bel exemplaire marron clair, quelques sacs en cuir nonchalamment jetés dans le coffre, un foulard en soie, je pars faire le tour d’Europe dès demain !

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Porsche 924 :

Boudée, la 924 turbo ? Le bi-colorisme n'aide pas !

Boudée, la 924 turbo ? Le bi-colorisme n’aide pas !

La 911 ? Aucun avenir ! Il faut prévoir le futur en ce début d’années 70. A la manière d’un Macan (ou d’un Boxster il y a 20 ans), Porsche décide d’abord de diversifier la gamme vers le bas avant de proposer un superbe coupé à moteur V8. Cette petite 2+2, largement développée par VW et Audi, n’a de Porsche que le nom. D’autant qu’une certaine Golf GTI arrive en même temps : nettement moins chère et plus pratique. Mais à Weissach, on a le sens du développement : en moins de dix ans, la 911 est passée de 130 à 210 ch. Ainsi, la 924 est rapidement proposée en version turbo, puis Carrera GT, avant de recevoir un moteur 2,5 l garanti 100% pur Porsche. Face à une Alfetta coupé à la présentation indigente, cette teutonne imposait une sorte rigueur non dénuée de charme : les 170 ch d’une turbo, et les 210 ch d’une Carrera GT (pas mal, pour un 2,0 l !) parlent d’eux-mêmes… Si vous en avez marre de l’hégémonie des tractions, ces PMA (Porsche à Moteur Avant) sont amusantes, saines (merci la boîte à l’arrière) et encore abordables.

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Renault Fuego :

Ue belle Fuego diesel couleur "SFU" (syndicat français des urologues), ça fait rêver !

Ue belle Fuego diesel couleur « SFU » (syndicat français des urologues), ça fait rêver !

Rassurez-vous, l’équipe de Speedfans ne consomme pas (ou peu) de substances répréhensibles par la loi et la morale. En mettant les choses à plat, la Fuego est loin d’être inintéressante. Esthétiquement d’abord, ces formes rondes et aérodynamiques préfigurent le « bio-design » qui fera un tabac à la fin de la décennie. Les versions haut de gamme disposaient d’un train avant retravaillé à déport négatif. Le souffreteux 1 565 cm3 des R16, gavé par un turbo, réussissait même à produire 132 ch ! Plus étonnant encore, Renault eut le courage de proposer une variante turbo diesel ! Une première en Europe, qui fit beaucoup rire à l’époque. Je reste par contre un peu dubitatif quant à l’utilité d’un tel coupé dans la gamme d’un constructeur généraliste des années 80, tant des GTI pétries de qualité occupaient le terrain.

12 Réponses

  1. Yann Plusquellec

    C’est vrai que voir ces voitures aujourd’hui peut prêter à sourire. Ce que je voudrais quand même dire, c’est que pour les juger, il faut se mettre dans le contexte de l’époque. Cette époque, moi qui ai 60 ans, je l’ai connue en plein. Et ce que vous les jeunes n’imaginez peut-être pas, c’est que la Fuego, par exemple, a été un véritable évènement quand elle est sortie. Pas par sa technicité, mais par son style . Elle a partout fait l’unanimité, et fait pour toujours partie des bons résultats commerciaux de Renault. Tout le monde, et même les marques concurrentes admiraient sa beauté. C’était une des plus belles voitures de l’époque. Pareil pour la BX. Vous ne le savez peut-être pas, mais elle a été dessinée par le grand Marcello Gandini lui même, à l’époque de sa gloire! Ce n’est rien d’autre que le père de toutes les Lamborghini de légende, Miura, Countach, Marzal, Bravo, Jarama, Espada et Diablo, mais aussi des Alfa Roméo Carabo et Montréal, des lancia Stratos Zéro et HF, de la Maserati Khamsin, de la Fiat X1/9, de la BMW 520, des Renault Super5 et
    Turbo, et trop encore pour pouvoir toutes les nommer… Excusez du peu! A l’époque, encore une fois, cette BX était très belle et très futuriste, une vraie Citroën avec suspension hydropneumatique et un intérieur digne de Starwars! Bien sûr sa finition aujourd’hui nous laisse songeur, et même pour l’époque ce n’était pas un modèle, mais c’était vraiment une excellente voiture. La Ferrari 412 était un must absolu, et même aujourd’hui je la trouve personnellement magnifique, sobre et racée.

  2. Tryphon

    On a du mal à se concentrer sur l’Arna vu l’aérodynamisme de la dame assise sur son capot ^^ Blague à part, je me rappelle aussi la Fuego à son lancement : c’était super moderne et pas vilain du tout. Après, c’est un dérivé de R12…

    • Adrien Malbosc

      Nous avons déjà tenté de le réhabiliter les CX dans Octane numéro 22 (Dossier de 8 pages !) et Evo ! Nous avons conduit deux CX Gti Turbo, et force est de constater que c’est une excellente auto, très agréable à conduire.

  3. Adrien Malbosc

    Pour répondre à Yann, nous tâchons de lire un maximum de journaux d’époque : notre bureau en est plein ! 😉
    Jayjay, la Fuego a été produite à 265.000 exemplaires. C’est un vrai succès, d’autant que la base technique n’a pas couté cher. Le fait qu’elle n’ait pas directement été remplacée (il y a eu la mégane coupé peu de temps après tout de même) ne veut pas dire qu’elle a été un échec : la Beta coupé n’a pas eu de remplaçante, l’Alfasud non plus, ni la Fiat 124 coupé malgré leur succès.

  4. Docteur Oliv

    L’Arna étéit tellemnt môche que je ne m’étais même attardé à la définition technique ! En plus les voitures Japonaises à l’époque c’était pas bien (pas patriote ! )
    La BX j’en ai acheté une lorsque j’étais à VELIZY (pour faire plaisir à l’URSSAF) une GTI quand même (Moteur dito la 205) et finalement elle a fait beaucoup d’usage en étant très fiable à ma grande surprise. Sièges SPARCO Volant MoMo Jantes Le Mans de XANTIA
    La 412 i Bof à l’époque mais j’ai un voisin qui en a une et quand il la démarre !!!!
    Curieusement il a aussi une Mondial ! et quand il la démarre !!!!
    La 924 je l’ai acheté pour ma femme mais elle n’en a pas voulu revendue le même jour (Blanche avec le liseré Martini) après j’ai roulé en 944 Turbo Cup avec des Jantes de 16″ (Gros diamètre pour l’époque et les 17″ c’était pour le Circuit)
    La FUEGO finalement pas si mal (par rapport à sa réputation de voiture de « Garçon coiffeur » ) tenue de route correcte. Le père d’un copain de ma grande soeur lui avait même attellé une caravane pour les vacances ! J’y aurais pas cru si je ne l’avais pas croisé dans les Landes.
    c’était plus beau que les R15 et 17 précédentes

  5. Rom

    C’est marrant mais pour la Porsche, j’aurai mis la 928. C’est vrai que la 924 a toute sa place aussi, mais la 928 a aujourd’hui une côte dans l’esprit des gens relativement comparable, alors qu’au lieu de développer la gamme vers le bas, elle est monté au sommet des GT de l’époque. les versions S4, GTS tutoyaient les meilleures mais son manque d’image la tuer. Et au même titre qu’à l’époque, il y a toujours une place pour une PMA équipée d’un V8 pour aller chercher les Vanquish, F12 et Benltey CGT W12!

  6. Sandrah@voiture occasion bourg en bresse

    De mon côté, je choisis toujours le citroën bx car c’est une voiture bonne à tout faire. D’ailleurs bon nombre de famille l’a déjà choisie (depuis 1985 ou 1987 si je ne m’abuse pas) par son intérieur spacieux et confortable. Cela vous permet d’atteindre une jolie vitesse jusqu’à 220 km à l’heure avec sa moteur qui développe 160 ch, et c’est pas chère du tout. Les images en disent beaucoup!!

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