SPEEDFANS

TOP 5 : les marques disparues qu’on ne regrette pas

Il est, parfois, des destinées tragiques. Le grand philosophe Jean-Pierre Mader (à la route) affirmait en 1985 : « disparue au coin de ta rue, je t´ai jamais revue »… et heureusement, peut-on rajouter dans le cas de certains constructeurs qui auraient mieux fait de ne jamais exister. Poussé par un souci d’objectivité toujours plus féroce de jour en jour, l’équipe de Speedfans a mené l’enquête.

Les conclusions sont sans appel.

SAAB

En version 5 portes atmosphérique, la Saab 900 n’est pas l’auto la plus sexy au monde…

Quel est ce grand penseur qui affirmait que SAAB était l’acronyme de « Supérieur Aux Autres Bagnoles » ? Le bougre ne manquait pas d’humour. Depuis les étranges frelons à moteur 2 temps DKW (à la fiabilité très aléatoire) jusqu’aux ultimes GM rebadgées, force est de reconnaître que la marque n’a pas toujours produit que les chef d’œuvres qu’on lui attribue volontiers. Qu’on se le dise, SAAB n’a jamais créé une auto à 100 %. Notons la superbe Saab 600, Lancia Delta 1ere génération même pas modifiée (cf. photo couverture). La 900 turbo n’est qu’une évolution de la 99 à moteur Ricardo (conçu pour Triumph), dont le train avant était d’ailleurs un peu à la ramasse. La 9000 n’est qu’une Croma (très) alourdie. Pire encore, certaines autos ont de réels vices de conception, comme la 92 dont les ailes carénées bloquaient la direction en cas de neige… Par charité, je ne ferai aucune allusion à leurs campagnes de pub loufoques tentant de nous faire croire à un quelconque lien entre l’aviation et l’automobile !

LANCIA

Nous sommes assez loin de la Delta première génération, bête de rallye furieuse en version turbo et 4 roues motrices

On le sait tous, Vincenzo Lancia était bûcheron, et plutôt lent de surcroît. On disait fréquemment : Vincenzo, sur un rythme lent, scia une planche. Las, l’Italien se mit à faire de fantastiques autos, avant que la firme ne se fasse bouffer par Fiat. Lentement, mais sûrement, le cannibalisme se mit en place. Oubliez leur V4, leur V6, les boxers, le compresseur, les victoires en rallyes, les carrosseries sur-mesure par de grands carrossiers. Dès les années 90, les Lanciat ne furent plus que des Fiat avec un intérieur Alcantara. Puis des Chrysler… Clairement, la marque a raté le virage « prenium » qu’elle a pourtant tenté de négocier… Les dernières productions sont une insulte scandaleuse à ce qui fut, un jour, un (très) grand constructeur. Ne reste plus au catalogue que l’Ypsilon (la Delta vient d’être retirée sans un mot…), sorte d’Autobianchi des temps (presque) modernes fabriquée en Pologne.

CHRYSLER EUROPE

La Solara était un énième replâtrage d’une auto déjà ancienne

Un bien beau raté que celui de Chrysler Europe. Les Américains se sont cassés les dents à vouloir conquérir le marché occidental avec des autos souvent inadaptées. La première fut la Chrysler 160 et 180, à l’archaïsme assez déprimant. Preuve qu’il y a une sorte de justice sur terre, cette mini américaine à la sauce européenne se vendit assez mal : 275 000 exemplaires en dix ans, contre 650 000 Fiat 132 sur la même période (une année de moins même… auxquels ont peut rajouter 110 000 versions espagnoles). Mais construire une voiture laide, mal suspendue et inconfortable n’était pas suffisant : il fallait poursuivre ! C’est ainsi qu’on a eu droit à des chefs d’œuvre genre Talbot Tagora et Solara (une 1510 à trois volumes, elle-même Simca 1307 à peine revue). L’ensemble fut revendu à Peugeot avec perte et fracas, qui ne sut pas trop quoi faire de cette patate chaude. D’où la 309 devant à la base s’appeler Talbot Arizona, et rapidement renommée et intégrée à la gamme du constructeur au lion !

DAF

Il fallait bien des bandes noires pour donner une touche sportive à la Daf 66 !

« What DAF-uck », dirent les premiers clients britanniques de cette marque hollandaise. Avec leur petite taille, leur moteur anémique et leur transmission à variateur continue, les DAF eurent rapidement l’image d’automobiles de grand-mère. Reconnaissons que certains hollandais avaient un sens de l’humour particulier : baptiser un modèle « marathon » alors qu’il est motorisé par le 1 108 cm3 Renault, il fallait oser ! Notre préférée reste la 343, très rapidement rebadgée Volvo après que le pauvre constructeur Suédois ait racheté DAF un jour de grand désespoir. Inutile de chercher plus longtemps, cette marque n’a fait qu’un seul type d’autos, et du genre franchement ennuyant.

MORRIS

Grande voiture, petit prix. On sait pourquoi…

Rien que le nom prête à méfiance. En l’occurrence, les autos étaient plutôt du genre « allons à Lille, Maurice », que « l’île Maurice ». Morris n’avait pas grand chose à faire dans le conglomérat BMC où la firme a échoué en 1968. On ne se souviendra peut-être pas de la Morris 1800 et 2200, grosse Austin à peine rebadgée. On peut avoir une certaine tendresse pour ces ignominies britanniques hésitant furieusement entre la carrosserie deux et trois volumes. Ce n’est rien par rapport aux Marina et Ital qui sont de vraies mauvaises autos : si les productions des années 60 se singularisaient par une certaine originalité, la firme sombra vite dans la déchéance. Extrêmement archaïques, ces voitures étaient lamentables à tout point de vue. Elle ne pouvaient compter que sur leur prix, plutôt modéré… Cela n’a pas suffit pour sauver la marque, qui d’ailleurs ne le méritait pas.

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