Aujourd’hui accessible dès 45 000 €, la belle rouge au cheval cabré se place au même rang qu’une berline allemande. Toutefois, est-il raisonnable d’opter pour cette Ferrari aujourd’hui ?

DSC_2855Si Feruccio Lamborghini avait eu 30 ans dans les années 90, nul doute qu’il n’aurait jamais eu l’idée de fabriquer ses propres supercars. La petite histoire raconte qu’il a créé sa marque de voitures de sport après s’être fait éconduire par Enzo Ferrari, à qui il reprochait la piètre qualité de ses produits. Certes, certains bolides de Maranello ont pu agacer par leur délicatesse, mais la 360 Modena marque une évolution certaine. Apparue en mars 1999, en remplacement de la 355, elle reçoit une carrosserie, une coque et une suspension en aluminium entièrement inédites. Son V8 et sa boîte dérivent de ceux de la 355, après avoir subi des évolutions très profondes. La puissance du 3.6 ressort à 400 ch (à 8 500 tr/min), soit une puissance au litre de 111 ch. Quant au couple, il s’élève à, 380 NM à 4 750 tr/min. On pourrait craindre à la lecture des régimes de rotation très élevés que la mécanique soit très pointue. Il n’en est rien, la Modena fait même preuve d’une souplesse impressionante. De plus, grâce à l’aérodynamique et aux liaisons au sol très soignées, l’engin allie efficacité redoutable, facilité et confort. De là à l’utiliser quotidiennement, il y a un pas facile à franchir, d’autant que l’habitabilité et l’insonorisation ont nettement progressé aussi. Et même si les plus de 1,80 m déposeront leur gomina sur le ciel de toit, l’ergonomie est bien pensée.

Mais pour beaucoup, il y a le problème de la fiabilité. C’est bien simple, c’est peut-être le domaine où la Modena a le plus évolué. Déjà la finition fait appel à de très beaux matériaux (cuir, aluminium). ensuite, l’assemblage présente une rigueur inhabituelle à Maranello. Enfin, l’électronique, pourtant très sophistiquée, se révèle très au point (seul le voyant « check engine » peut s’allumer sans raison).

CHECK LIST

Moteur

DSC_2928

Pour sa part, la mécanique se révèle très robuste, que l’on parle du moteur, de la boîte ou encore des cardans. Une Modena peut passer sans encombre les 150 000 km, pour peu qu’elle ait été soigneusement entretenue et respectée. D’ailleurs, au moment de l’achat, et c’est cet élément qui va déterminer la valeur de l’auto, avant même le kilométrage, il faut s’assurer de la présence d’un carnet d’entretien dûment rempli. Si tel n’est pas le cas, et si la 360 est offerte à un tarif alléchant, fuyez. Les pièces Ferrari sont ruineuses. Attention aussi aux modèles trop peu kilométrés. En effet, ils auront pu échapper à certaines mises à jour décidées par l’usine (et prises en garantie). Parmi ces modifications, on dénombre les tendeurs hydrauliques de la courroie de distribution côté gauche, la couronne de démarreur dont la fixation est passée de 3 à 6 vis et la butée d’embrayage. Si ces deux derniers éléments venaient à flancher, ils entraîneraient le changement du volant moteur, avec une facture astronomique à la clé. Comme le disque d’embrayage dure rarement plus de 30 000 km (surtout en ville), il y a tout lieu de penser que la butée aura été remplacée. S’il est d’origine sur un modèle ancien, gare.

Transmission

DSC_2915

La 360 encaisse très bien un usage sur circuit (exigeant toutefois un budget conséquent pour les freins et les pneus), seuls ses roulements de roues avoueront quelques faiblesses. Robotisée (F1) ou manuelle, la boîte est endurante : on ne recense que quelques très rares cas de synchros de seconde remplacés prématurément. côté entretien, fini le temps où il fallait déposer le moteur pour changer la courroie de distribution : il y a désormais une trappe d’accès. Néanmoins, l’opération est à renouveler tous les 40 000 km maxi, pour un coût de 2 500 € minimum. Selon les standards de la catégorie, le budget d’entretien reste toutefois raisonnable. Les disques de frein, par exemple, ne coûtent que 400 € la paire. On a vu bien pire sur des autos bien moins chères !

Carrosserie

DSC_2884

Il n’en demeure pas moins que ce genre de bolide ne s’entretient pas au centre auto du coin : disposer d’un spécialiste près de chez soi est nécessaire, surtout avec cette carrosserie en aluminium très exposée et délicate à réparer. Les éléments ne sont que difficilement interchangeables avec ceux d’un autre modèle ; du reste, les épaves de 360 ne courent pas les casses.
Pour s’épargner bien des tracas, on n’achètera une 360 qu’auprès d’un professionnel ou d’un passionné, en première main, en s’assurant de sa totale traçabilité : la moindre opération effectuée à la légère sera lourde de conséquences financières.

DSC_2912

Cette Ferrari concilie passion et raison, charme fou et fiabilité, efficacité totale et facilité : de quoi rouler exclusif tous les jours sans autre appréhension que la jalousie mal placée de quelque frustré de la vie. C’est peut-être là le principal inconvénient de cette fabuleuse auto.

DSC_2902

Prix des pièces et des révisions

Révision : 1 200 €
Disques avant : 200 € pièce
Plaquettes avant : 260 €
Rétroviseur extérieur : 755 € pièce
Phare avant : 2 200 €
Bouclier avant : 1 930 € (hors pose et peinture)
Aile avant : 1 620 € (hors pose et peinture)
Pneu Pirelli PZero 275/40 R18 : 360 €

Caractéristiques

Moteur : 8 cylindres en V, 3 586 cm3
CO2 : 440 g/km
Puissance : 400 ch à 8 500 tr/min
Couple : 380 Nm à 4 750 tr/min
0 à 100 km/h : 4,5 sec
Vitesse maxi : 295 km/h
Consommation mixte : 17,1 l/100 km

Quel prix ?

Ne vous focalisez pas sur le kilométrage : un modèle 2000 de 80 000 km, garanti, avec freins, pneus et embrayage refaits constitue une bonne affaire, peut-être même plus qu’un autre du même millésime, ne totalisant que 15 000 km et facturé 20 000 € de plus par un particulier… Enfin, ne boudez pas les boîtes manuelles : très maniables, elles conservent la fameuse grille chromée qui ajoute encore au charme de la Modena. A savoir qu’1/3 des occasions sont proposées en boîte manuelle. Enfin, le marché de l’occasion offre un choix assez important de 360 Modena. Les premiers prix débutent à 45 000 €, cependant il faudra considérer une enveloppe allant de 50 à 60 000 € pour dénicher une bonne occasion. C’est-à-dire, avec une entretien soigné et une auto n’ayant pas subi d’accrochages.

 

Photos : Patrice Aïm.

5 Réponses

Laisser un commentaire