Oublieuse des stupides normes d’émissions de CO2 avec son énorme V12 5.9, l’Aston Martin Vanquish est peut-être la dernière représentante de la grande GT à l’ancienne. Sublime d’élégance et de prestance, reste-t-elle dans le coup dynamiquement ?

Technique

vanquish moteur

La Vanquish adopte l’ultime évolution de la plateforme VH d’Aston Martin. Flexible et majoritairement réalisée en aluminium, cette base impose tout de même un gabarit et donc un poids importants (1 740 kg), qui en trahit l’âge (plus de 10 ans). Heureusement, la carrosserie en fibre de carbone vient limiter les dégâts côté masse. Classique par sa ligne, la Vanquish l’est aussi par ses suspensions à double triangulation à l’avant comme à l’arrière, mais on note l’adoption d’amortisseurs pilotés ADC réglables en 3 modes.

L’imposant V12 5.9 fait fi de toute suralimentation, ce qui ne l’empêche pas de développer 573 ch pour un couple conséquent de 620 Nm. Il s’attèle à une boîte auto ZF à 6 rapports, dotée de palettes, qui transmet la puissance aux roues arrière via un différentiel à glissement limité. Enfin, de série, on dispose de freins en carbone-céramique. Une base saine donc, peaufinée à l’extrême et dotée de raffinements techniques intéressants.

 

Sur route
vanquish cockpit
Impressionnante à l’extérieur, la Vanquish l’est aussi à l’intérieur. Cet habitacle, certes peu spacieux (les places arrière ne peuvent dignement accueillir que des nourrissons) exhale un charme fou de par l’élégance de son dessin et la qualité des matériaux. Cuir incroyablement doux, alcantara soyeux, éclairage subtil des instruments, boutons travaillés comme des pièces de joaillerie, il justifierait presque à lui seul l’achat de la voiture. Fin, le siège n’en procure pas moins un bon confort, et j’insère l’ECU (Emotion Control Unit) dans le haut de la console centrale pour lancer le moteur. Une manœuvre délicate : manipulation exécutée trop vite, ça ne démarre pas, trop lentement : non plus. Un coup à prendre. Mais dès que le V12 s’éveille, quelle mélodie ! Ajoutée au raffinement du cockpit, elle contribue à cette ambiance à nulle autre pareille.

vanquish sieges

Le combiné d’instruments indique la pression des pneus. Tiens, elle est à zéro à l’avant gauche. Un bug électronique, sûrement. Je descends pour m’en assurer et patatras ! Le pneu est à plat. Et pour cause : il y a une grosse vis rouillée plantée en plein milieu de la bande de roulement. Qu’à cela ne tienne, je vais utiliser le nécessaire de gonflage fourni avec la voiture. Dans le coffre, je trouve la trousse contenant non seulement le gonfleur mais aussi la bombonne de fluide censé colmater la fuite. Malgré le manuel en allemand, je comprends la procédure. Je retire la vis, enclenche la bombonne sur le gonfleur, branche celui-ci à l’allume-cigare puis le relie au pneu. Je le mets en route. Au bout de quelques instants, je constate que la pression ne monte pas d’un iota. Effectivement, le pneu recrache par son trou le fluide censé colmater ce dernier… La bonne blague.

vanquish gonfleur

Pas de galette, pas de numéro d’assistance car c’est une voiture de presse, que faire… Après avoir lu mon embarras sur Facebook, mon ami Cyril Renaud-Perret, qui connaît les supercars mieux que personne pour en avoir en entretien via sa société Ready2Drive, vient à ma rescousse. Nanti d’une mallette remplie de mèches spéciales, il en insère une dans le pneu selon une méthode précise puis me demande de rebrancher le gonfleur. Et là, ça marche ! Une fois la pression revenue au niveau idoine, je le remercie chaudement (pas trop quand même) et me voilà parti.

vanquish meche

En ville, l’Aston très docile ronronne comme un gros matou. Un matou géant même, ce qui en complique le maniement : on a peur de toucher partout, ou d’érafler une des belles jantes contre un trottoir. Stress.

Heureusement, moteur, boîte et direction sont d’une grande douceur, qualités que l’on retrouve sur route. Et là, évidemment, j’enclenche le mode ‘Sport’ qui affermit la suspension et surtout libère l’échappement. Ah, mais quel chant fabuleux ! Grave, complexe, nuancé, vigoureux mais jamais agressif, ce son évoque immanquablement celui des bolides historiques courant au Mans Classic. Quant au V12 onctueux, il pousse plus fort que sur une DBS, accepte de prendre ses 7 000 tr/min, mais sait aussi se montrer d’une grande souplesse. Une merveille, pas aussi rageuse qu’un bloc de Ferrari FF certes, mais amplement suffisante pour ce type de GT. Mieux, la consommation n’est pas si élevée que cela : on arrive à 14 l/100 km sur route. Cela dit, il faut composer avec une boîte auto dépassée. Outre le fait qu’on se trouve souvent entre deux rapports (il y a des ‘trous’), elle manque de réactivité en conduite sportive, surtout quand il s’agit de passer la vitesse supérieure à haut régime. Vivement la toute nouvelle unité ZF à 8, voire 9 apports !

Quant au châssis, il s’avère merveilleusement peaufiné. Très informative, la direction commande un train avant précis qui se complète d’un train arrière étonnant de motricité. Bien jugé, l’amortissement concilie confort acceptable et très bon maintient de la caisse, de sorte qu’on se trouve en confiance pour attaquer, tant que la largeur de la route le permet ! Les aspérités ne déstabilisent jamais la voiture, preuve d’un bon travail de mise au point. Seulement, une GT au long cours comme celle-ci doit aussi procurer un confort de haut niveau. Et là, le bilan n’est pas totalement éclatant par la faute de sièges perfectibles à la longue et de bruits de roulement un trop présents. Rien de rédhibitoire cela dit : je me verrais bien traverser l’Europe dans cette Aston, surtout que le coffre suffisamment spacieux permet d’embarquer pas mal de bagages.

 

Face à la concurrence

vanquish parking

Evidemment, une Ferrari FF propose un niveau technologique bien supérieur pour un prix comparable, mais la Vanquish réplique avec son ambiance inimitable, un charme qui, même si c’est de l’ordre du subjectif, s’avère presque palpable. Si on aime les V12, on pourra lorgner du côté d’une Lamborghini Aventador, même si son approche est totalement différente. Mercedes propose un coupé CL65 AMG bientôt renouvelé, à la puissance dévastatrice, mais côté glamour et élégance, il ne peut lutter avec la séduisante Aston. En revanche, il propose un confort d’un niveau tout autre.

 

Pour le reste

vanquish parking arriere

La Vanquish embarque enfin un GPS moderne et efficace, mais dont la voix et les graphismes auraient pu être adaptés au raffinement de l’Aston. En revanche, la musique via la connexion Bluetooth fonctionne de façon aléatoire.

 

 

vanquish profil

 

 

Essai Aston Martin Vanquish, classe en voie d’extinction
Moteur V12, 5 935 cm3 CO2 : 335 g/km Puissance 573 ch à 6 750 tr/min Couple 620 Nm à 5 500 tr/min 0 à 100 km/h 4,1 sec (constructeur) Vitesse maxi 295 km/h (constructeur) Prix de base 251 054 € En vente Maintenant
Moteur85%
Comportement80%
Qualité et design90%
Confort et praticité60%
Emotion85%
80%Note Finale
Note des lecteurs: (60 Votes)
69%

2 Réponses

    • Speed

      Par ailleurs, dans la tête des concepteurs de l’autoce n’est les futurs propriétaires de ces modèles qui vont les « entretenir » eux même (en théorie, dans le code la route français, chacun doit savoir changer une roue lui même). D’où un équipement « light » dans ce domaine.
      Pour revenir au sujet, beaucoup aurait « zapper » cette épisode pour des raisons marktingo-glamo-publicitaires. Du coup l’essai fait plus « vivant » comme ça et moins aseptisé (publireportage et compagnie). Plus réel quoi!!!
      Pour le reste, on retrouve les qualités et défauts déjà évoqués par tout!!!

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