Essai : Audi S8 restylée, Matrix Reloaded

La grande berline Audi passe par la case restylage de mi-carrière, peu après l’arrivée de la nouvelle Mercedes Classe S. Au delà de cette fameuse technologie ‘Matrix LED’ et de quelques petits ajustements techniques, la S8 évolue peu mais reste une proposition singulière dans sa catégorie.

Technique

Lancée il y a trois ans, l’Audi A8 passe donc déjà par la case lifting pour résister face à la BMW Serie 7 restylée et à la toute nouvelle Mercedes Classe S. Aucune révolution au programme, l’auto se contente essentiellement d’augmenter son niveau de technologie embarquée, de réduire sa consommation et d’inaugurer le ‘Matrix LED’ : une appellation très block buster hollywoodien qui désigne une technique d’éclairage extrêmement évoluée, forte de 25 LED pour chaque optique et modulant automatiquement leur intensité en fonction des conditions de circulation avec une précision chirurgicale. Ce restylage, léger de prime abord, profite beaucoup à cette S8 qui gagne franchement en prestance dans l’opération. Avec ses optiques inédites, ses boucliers modifiés et sa poupe revue et corrigée, le rendu esthétique est nettement plus valorisant sur cette nouvelle mouture enfin débarrassée de sa face avant lourdingue. Sous le capot, c’est toujours le V8 biturbo de 4,0 litres qui anime la bête, un bloc qu’on retrouve sur les S6, RS6, S7, RS7, A8 4,0 litres et autres S8 dans des variantes plus ou moins puissantes.

Au volant  

La position de conduite reste plus sportive que dans les autres limousines, les matériaux utilisés n’ont jamais été aussi finement étudiés sur une Audi et la planche de bord tranche franchement avec le gigantisme de celle de la dernière Mercedes Classe S. C’est moins baroque et plus conventionnel. Au démarrage, le V8 grogne un peu moins fort que dans une RS6 ou une RS7, il n’a pas changé depuis la précédente mouture et compte toujours sur 520 ch et 650 Nm, des valeurs en léger retrait par rapport aux deux grosses berlines RS de la gamme aux anneaux (fortes de 560 ch et 700 Nm). L’objectif est toujours de garder un peu plus de pudeur et de discrétion que dans ces dernières : grande berline sportive certes, mais limousine avant tout. Sur le plan dynamique en tout cas, cette S8 n’a pas grand chose à leur envier.

Sans bondir aussi violemment qu’une RS6, elle ne rend qu’un petit dixième sur le 0 à 100 km/h à une S63 AMG 4Matic beaucoup plus puissante qu’elle. La boite à 8 rapports d’origine ZF ne vous autorise pas à rester au rupteur ? Laissez-la donc reprendre la main en mode ‘Sport’ automatique pour vous envoyer en orbite sur autobahn dans un niveau de confort remarquable, au doux grondement du V8 biturbo. N’ayez pas peur de freiner fort, les disques carbone-céramique (optionnels) promettent une endurance raisonnable. Même lorsque ça tourne, cette grosse S8 étonne par son niveau de grip sidérant et une direction pas moins communicative que sur la RS6.

Face à la concurrence

Neutre mais pas paresseuse au regard de son gabarit et de son poids (1 990 kg à vide tout de même), cette S8 propose peut-être le meilleur compromis du marché dans la catégorie des limousines sportives. Moins élitiste en prix qu’une Classe S AMG, elle est quasiment aussi performante et n’oublie pas de choyer ses passagers arrières. La BMW 760i est de son coté plus chère, moins performante mais aussi moins sportive dans sa philosophie.