Quelques semaines après la sulfureuse RS6 Avant, Audi a présenté la non moins affriolante RS7, qui en reprend l’essentiel du châssis mais aussi l’ensemble moteur-boîte. Seulement, si le break préféré des ‘go-fast’ nous a un peu déçus, en ira-t-il de même avec sa variante élégante ?

Technique

Vous avez aimé l’Audi RS6 Avant ? Vous aimerez la RS7 Sportback, qui techniquement n’en diffère pas. On retrouve donc le V8 4.0 biturbo de 560 ch à désactivation de cylindres, la transmission intégrale répartition par défaut le couple selon un rapport AV/AR de 40/60, la boîte automatique ZF à 8 rapports et commande Tiptronic, la suspension Dynamic Ride Control (en gros, les amortisseurs sont reliés par un circuit hydraulique en X commandé par une valve centrale), les jantes de 20 et les freins acier aux contours ondulés. Même si la RS7 semble moins imposante que la RS6, son poids demeure strictement identique, à 1 920 kg, donc les performances annoncées ne changent évidemment pas. On dispose des mêmes packs permettant de porter la vitesse de pointe de 250 à 280 ou 305 km/h, et d’options similaires, à savoir les disques en carbone-céramique, le différentiel arrière Quattro Sport ou encore la suspension pneumatique adaptative, voulue plus confortable, entre autres réjouissances.

Au volant

A chaque fois que je monte dans une Audi, je suis étonné de la qualité générale, sans vouloir flatter qui que ce soit à Neckarsulm, où est fabriquée cette RS7. Dessin plus élégant que dans la RS6, matériaux magnifiques, assemblage parfait : cet habitacle procure en lui-même un certain plaisir, celui de posséder un bel, un très bel objet. Je comprends qu’il constitue un argument de vente pour certains. De plus, dans sa définition française, il se révèle remarquablement équipé, avec de série la sellerie cuir sport RS à réglages électriques, le GPS, l’affichage tête haute, la hi-fi Bose, la clim quadrizone et le régulateur de vitesse actif notamment. De quoi pratiquement justifier le prix de 128 000 €…
Comme d’habitude chez Audi, la position de conduite est impeccable mais le bouton de démarrage, à droite sur la console centrale s’avère mal positionné.
Via l’interface MMI, on peut choisir entre les modes de conduite : Comfort, Auto, Dynamic et Individual. Sur ce dernier programme, il est possible de paramétrer la voiture à sa guise, moteur, boîte, direction, amortissement.
Je démarre en ‘Auto’ et passe en ‘Dynamic’. Immédiatement, la sonorité du V8 devient plus profonde. En ville, on sent que la mécanique, pas brutale mais presque, a envie d’en découdre. Accélérateur vif, boîte qui ne lisse pas les passages de rapport et amortissement… sportif ! Je passe en ‘Comfort’ juste pour voir, et là, la RS7 se transforme en gros chat ronronnant.

Sur route, on retrouve les qualités mais aussi les défauts de la RS6. Côté positif, un moteur fabuleux de vigueur, qui hurle sa rage en accélération et crépite au lever de pied, une boîte rapide, très bien réglée en mode automatique et réactive quand on la commande aux palettes (à noter que le mode manuel l’est vraiment) et une motricité totale. Mieux, si on la provoque, la RS7 dotée du différentiel Quattro Sport sait survirer à l’accélérateur.
Côté négatif, un amortissement beaucoup trop dur en mode ‘Dynamic’ (à réserver aux circuits très lisses), à peu près tolérable en ‘Auto’ et pratiquement confortable en ‘Comfort’, et une fichue direction qui ne semble pas connectée à un train avant par ailleurs dépourvu de mordant. En clair, elle ne renvoie strictement aucune information, ce qui gêne la mise en appui de la voiture : je me suis souvent retrouvé à braquer trop tard, ou pas assez. Une fois inscrite en virage, la RS7 profite d’une adhérence considérable, qui permet de passer très vite. A la limite, elle devient sous-vireuse (ce dont on se rend compte visuellement en non sensoriellement) mais accepte de se placer au lever de pied. Mais jamais l’Audi ne devient joueuse ni ne paraît peser moins que son poids. En ‘Dynamic’, elle ne supporte pas les bosses, aussi je préconise de se concocter le programme suivant via le Drive Select : tout en ‘Dynamic’, sauf les amortisseurs en ‘Auto’.

Chose étrange, sur cette version équipée des disques carbone-céramique, j’ai noté des variations dans la consistance de la pédale de frein après une conduite disons active dans un secteur très sinueux. Et sous 2 000 tr/min, le moteur ne donne pas grand-chose.
C’est sur autoroute que la RS7 se révèle le plus à l’aise. Après avoir quasiment eu peur en entendant une détonation à l’échappement en écrasant d’un coup l’accélérateur, je me suis retrouvé écrasé au fond du siège, le train avant cherchant curieusement sa voix. J’ai buté une fois ou deux sur le rupteur (7 000 tr/min) tant le V8 monte vite en régime et me suis retrouvé à 300 km/h (c’est légal en Allemagne) sans que l’accélération ne faiblisse notablement. Epoustouflant ! Du reste, à cette vitesse, non seulement la RS7 se montre d’une stabilité impériale mais en plus, elle profite d’un freinage encore puissant sans jamais louvoyer.

Malheureusement, cette Audi n’est agréable que quand on tape dedans. Autrement, elle est trop fermement amortie et pâtit d’une direction qui ne procure aucun plaisir.
Sauf… Si on opte pour la suspension pneumatique (c’est gratuit). J’ai pu essayer une RS7 ainsi dotée (et dépourvue des freins en céramique), et là j’ai constaté un net surcroît de confort, aucun déficit notable côté efficacité du châssis et surtout, la direction s’est montrée moins peu informative. La voiture prend un peu plus de roulis, ce qui permet de mieux la sentir, et en usage tranquille, elle prodigue un vrai confort, peut-être favorisé par les jantes ici de 20 pouces contre 21 à la première RS7 essayée.
Et elle freine toujours très bien : j’étais tranquillement à 280 sur l’autobahn quand un automobiliste que je surveillais a déboîté sans se signaler (il n’était qu’à 170). J’ai bondi sur la pédale de gauche et la RS7 a puissamment ralenti, sans dévier d’un pouce. Je n’aurais certainement pas été aussi serein dans une BMW M5.
Bref, commandez votre RS7 avec la suspension à air et les jantes de 20, elle n’en sera que plus homogène.

Face à la concurrence

L’Audi RS7 se place favorablement face aux BMW M5 (moins bons freins, mais une M6 Gran Coupé équipée de disques en céramique se rattrape nettement) et Mercedes CLS63 AMG (boîte dépassée). Mais une Maserati Quattroporte (nouvel essai bientôt sur Speedfans) se montre plus communicative. A 128 000 €, la RS7 coûte 10 000 € de moins que la M6 GC, 8 000 € de moins qu’une CLS63 AMG 4-matic et 20 000 € de moins qu’une Quattroporte qui, il est vrai, se rapproche plus d’une S8. Pas si chère donc, pratique avec son hayon, et plus élégante qu’une RS6 certes 6 000 € moins onéreuse…

Pour le reste

Audi, optimiste, annonce une conso moyenne de 9,8 l/100 km. Fumisterie ! En roulant très, très pépère (pas plus de 90 km/h) derrière le Q7 de la photographe, j’ai obtenu une moyenne de 11,5 l/100 km. Et en conduite sportive, on dépasse facilement les 30 l/100 km.

S.S.


Essai : Audi RS7 Sportback
Caractéristiques Moteur : V8, 3 993 cm3, biturbo CO2 : 229 g/km Puissance : 560 ch à 5 700 tr/min Couple : 700 Nm à 1 750 tr/min Vitesse maxi : 250, 280 ou 305 km/h (limitée) 0 à 100 km/h : 3,9 sec (constructeur) Prix de base : 128 000 € En vente : Maintenant
Moteur90%
Comportement80%
Qualité & Design80%
Confort & Pratique75%
Emotion80%
LES +
  • Moteur/boîte fabuleux
  • Freins puissants
  • Qualité
LES -
  • Direction muette
  • Amortissement DRC imparfait
81%Note Finale
Note des lecteurs: (25 Votes)
85%

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