À l’image du secteur alimentaire où les labels foisonnent (ils rassurent le client sur la provenance, la confection et donc, la qualité du produit), ceux associés au thème écologique se multiplient à leur tour, allant du gros électroménager à l’univers automobile. Ils s’attardent quant à eux sur le chapitre très en vogue et ô combien pertinent des économies d’énergie. Aussi, dès le mois de novembre 2012, tous les pneumatiques mis en vente en Europe arboreront un nouvel étiquetage.

En plus des performances sur sol mouillé (tenue de route et freinage), la note associée à chaque gomme prendra en compte la résistance au roulement du pneu et donc, une notion d’économie d’énergie. En effet, si la résistance à l’avancement diminue, la mécanique du véhicule se voit moins sollicitée. Viennent ainsi baisses de consommation et d’émissions de CO2. Mais attention, d’un point de vue technique, une résistance au roulement trop faible peut contrarier les performances globales du pneumatique, notamment en termes d’adhérence sur sol mouillé. Voilà pourquoi cette nouvelle législation européenne associe obligatoirement à la résistance au roulement une note sur les performances sur le mouillé.
Selon cette législation, chaque pneu sera donc noté sur les critères ‘Résistance au roulement’ et ‘Adhérence sur sol mouillé’ et arborera pour chacun d’eux un score, une lettre (de A à G), la lettre A étant la plus respectable.

Notons que le P7 Blue ne sera vendu qu’en après-vente, contrairement au P7.

Pirelli s’est alors penché sur ces nouveaux labels – car susceptibles d’orienter fortement la clientèle (constructeurs comme particuliers). Résultat, l’italien devient le tout premier manufacturier à proposer un pneumatique obtenant le score le plus enviable, ‘AA’, avec son pneu Cinturato P7 Blue.
Mettant l’accent sur les économies d’énergie, la gamme Cinturato est apparue voilà environ trois ans chez Pirelli. Ainsi, aux côtés des P1, P4, P6 et P7 vient désormais ce P7 Blue. Réservé aux compactes ou berlines premiums de moyenne et grosse cylindrée et disponible en de multiples dimensions allant de 16 à 18 pouces, ce pneumatique ne reçoit toutefois ladite note ‘AA’ qu’en trois tailles uniquement : 215/55R16 97W XL, 225/55R16 99W XL et 235/45R17 97W XL.

Nous avons pu tester ce P7 Blue en Espagne, sur un petit circuit de comportement généreusement aspergé d’eau. Au volant d’une Alfa Romeo Giulietta Multiair 1.4 170 ch, la motricité n’a jamais été prise en défaut à moins de surcharger le train avant en accélérant plus que de raison en 2nd dans les épingles, tout en appliquant un angle au volant un peu trop généreux. De même, le freinage au bout de la petite ligne droite des stands s’est montré tout à fait rassurant, au point qu’on s’amuse à freiner plus tard chaque tour. Passer au volant de l’Audi S5 Sportback dotée de quatre roues motrices, de 333 ch et de gommes P Zero aura été d’un tout autre style. Elle aussi rassurante au freinage et certes, bien plus lourde que la Giulietta, la berline aura démontré une tenue latérale sensiblement moins efficace sur le mouillé malgré la délicatesse opérée sur les commandes, tant au volant qu’à l’accélérateur. Enfin, un trajet routier au manettes d’un cabriolet Mercedes Classe E 2.0 CGI 183 ch équipé des P7 Blue (235/45R17) aura mis en exergue les performances acoustiques de cette gomme, plutôt moyennes.
Au final, le Cinturato P7 Blue ne se distingue que très peu du Cinturato P7 dont il dérive. Pirelli ne fait état d’aucune évolution technique majeure (la sortie de cette gomme s’inscrit simplement dans un développement continu du manufacturier), et l’intérêt économique pour le client demeure très relatif. Grâce aux économies réalisées en consommation, on note en effet un gain inférieur à 100 € par an pour une berline parcourant 15 000 km (en comptant un prix du litre de carburant de 1,80 €). Ou bien peut-être, votre âme d’écologiste convaincu(e) sera-t-elle séduite par les presque 125 kg de CO2 économisés chaque année si l’on considère une réduction de la résistance au roulement de 23 % par rapport à un pneu ‘C’.

À noter d’ailleurs qu’une moindre résistance au roulement est obtenue en renforçant la structure interne du pneu, en particulier au niveau des flancs, non pas en diminuant le grip mécanique ou chimique du pneu. Cependant, imposer aux manufacturiers des gommes toujours plus ‘économiques’ ne doit se faire en aucun cas au détriment des performances. Le pneumatique demeurant le seul et unique élément faisant le lien entre la caisse et la route, la sécurité de tous est en jeu, que cela plaise ou non à nos amis écologistes. Les performances sur sol sec ne sont en effet pas prisent en compte par ce nouvel étiquetage. Chaque automobiliste devra donc rester vigilant quant aux performances de ses pneumatiques. Les tests réalisés par la presse (et en particulier par EVO, régulièrement) resteront toujours plus pertinents qu’un étiquetage aussi simpliste.

La désignation ‘blue’ fait ici référence aux pneus pluie de la F1 (Pirelli y est désormais seul fournisseur).

On conclura en ajoutant que ces pneus dits ‘verts’ ne sont pas voués à envahir l’univers des voitures de sport. Comme nous l’ont précisé les responsables technique et commercial Pirelli rencontrés en Espagne : ‘Il n’est prévu aucun P Zero ‘vert’. Ça n’aurait aucun sens. On n’imagine pas un client Ferrari intéressé pour économiser quelques dizaines ou centaines d’euros par an sur sa consommation avec un pneu éco. Ce qu’il souhaite avant tout, c’est de la performance.’

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