Depuis toujours, les caractéristiques sonores font partie intégrante de la personnalité d’une automobile. Le son du moteur ou celui de l’échappement façonnent l’image que l’on peut se faire d’un véhicule. Qu’en sera t-il demain, lorsque les motorisations électriques et leur musique de tramway envahiront le marché…
Quelques équipementiers se penchent déjà sur la question, proposant des générateurs de son singeant ceux d’un gros V8 au rythme d’un programme de pré-enregistrement. Eberspächer, concepteur et fabriquant de systèmes d’échappement va lui un peu plus loin, en apportant une réponse acoustique aux motorisations électriques, mais pas uniquement.
Ses silencieux innovants ont plusieurs atouts : diminuer les bruits d’échappement de plus de 20 dB (travail d’un bon silencieux), sonoriser un véhicule électrique, mais aussi, permettre à un petit bloc de sonner comme un grand (et à l’heure du downsizing, l’intérêt est grandissant), ou offrir à un diesel le son d’une sportive essence. Eh oui.
Comment ? En lieu et place de chicanes, laine minérale ou autres systèmes de réflexion/absorption, un haut-parleur contrôlé par une unité électronique est installé au coeur du silencieux. Mais, celui-ci n’est pas exactement là pour ‘bêtement’ dérouler une bande pré-enregistrée d’un bon vieux 6-en-ligne, V8 ou V10. Hormis le cas du véhicule électrique, ce haut-parleur émet des vibrations en opposition de phase qui éliminent ou ajoutent ses propres fréquences à celles des gaz d’échappement. Cette antiphase est asservie à la charge et la vitesse du moteur thermique (d’après l’ECU du moteur auquel le système est relié). Le système peut donc éliminer certaines fréquences et en accentuer d’autres afin d’offrir une sonorité des plus agréables, ce que tente de faire depuis toujours les constructeurs automobiles. Ce principe n’est d’ailleurs pas nouveau, il est vieux de 1933, breveté par un certain Paul Lueg à Berlin. Mais ce n’est qu’aujourd’hui que les microcontrôleurs offrent suffisamment de vitesse et de puissance pour calculer les algorithmes complexes nécessaires à l’élaboration de l’antiphase. Ce système pourrait à terme être intégré à l’ECU du moteur.
Cette innovation permet également un gain de taille de 60 % ainsi qu’une baisse de 40 % de la masse. L’espace disponible sous un véhicule est en effet très important dans l’élaboration d’un système d’échappement classique ; plus la taille est réduite, plus les contre-pressions risquent d’être importantes. D’ailleurs Eberspächer estime pouvoir diminuer ces contre-pression néfastes au bon écoulement des gaz de 150 mbar (testé). Grâce à cela plus la réduction de la masse, on pourrait alors sauver 3 g de CO2/km avec ce système actif. Il a donc un sens économique, malgré un prix plus élevé.
Enfin, Eberspächer déclare après tests qu’un diesel peut sonner comme un V8 essence par le jeu des fréquences. Un argument pour séduire le public américain, toujours hésitant avec ce type de motorisation. Puis, pour les véhicules électrique, l’intérêt d’un générateur de son est aussi lié à la sécurité, celle des piétons et autres utilisateurs de la chaussée.
On retiendra cependant davantage la capacité du système à mettre en valeur le chant des gaz d’échappement. Une lueur d’espoir pour tous ceux qui pleurent la lente disparition des grosses cylindrées.

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