Distingué lors du dernier grand comparatif de pneumatiques d’evo (numéro 74), Pirelli déploie de grands efforts pour reconstruire son image. D’un point de vue global, cela passe par la Formule 1, mais le manufacturier œuvre beaucoup au niveau local en multipliant les évènements adressés au commun des mortels, ou presque. Ainsi de ses opérations ‘P Zero Experience’, où des propriétaires de voitures de sport peuvent tester les dernières enveloppes sur des circuits réputés, comme le HTTT Paul Ricard ou Magny Cours. A ceci s’ajoutent les ‘Pirelli by Night’, des rallyes de régularité nocturnes, dont la seconde édition s’est déroulée le 27 octobre dans les environs de Reims, avec un départ donné sur ce qu’il reste du spectaculaire circuit de Gueux. Speedfans y était, à bord d’une Porsche 991 Carrera 2S, apportée par le Centre Porsche de Reims.

‘Mieux vaut un bon petit froid sec qu’une mauvaise pluie fine’, disait ma grand-mère. Oui mémé, surtout quand on a devant soi un aréopage de Ferrari, de Porsche ou d’Aston Martin ! Les beautés attendent sagement, sous un ciel orangé à la pureté cristalline que soit donné le départ. De part et d’autres, les anciennes installations, merveilleusement préservées avec leurs publicités d’époque, confèrent à la scène un cachet délicieusement sport et rétro. 33 autos étaient garées là : Ferrari Testarossa, 328, Mondial, 458, 550 Maranello, Nissan GT-R, Porsche 997.2 GT3 RS 4.0, Boxster, 996, 997, Ford GT, Aston Martin DB9, Corvette C6 BMW M3 E92…
Mais avant la course proprement dite, nous attend un petit dîner pris sur le pouce sous un barnum situé derrière les gradins, accompagné d’un briefing. C’est une épreuve de régularité, donc pas d’excès de vitesse. Ok, d’autant que le tout se déroule sur route ouverte. On s’élancera sur l’ancienne ligne droite du circuit, devenue tronçon de départementale (fermé pour le coup), on roulera jusqu’au premier point de contrôle, où notre moyenne sera relevée. Ensuite, il s’agira de s’orienter à l’aide d’un road-book en collant le plus possible à cette moyenne. Ah ouais, pas si simple… Surtout avec sous le pied droit les 400 ch d’une 991 C2S… Cela dit, j’aurai avec moi dans la voiture un technicien du Centre Porsche, accompagné de sa femme : pas d’excès excessif, promis.

Après avoir devisé gentiment avec la fort accorte attachée de presse Pirelli, nous gagnons la voiture et attendons que notre tour vienne de franchir la ligne de départ. Les équipages sont de tous âges, et l’ambiance fort agréable : pas de raison de partir le couteau entre les dents. 19h30, la 1ère auto s’engage. La nuit est tombée, les gradins sont éclairés en bleu fluo : spectaculaire ! 20h15, à nous. J’ai pu me concocter une excellence position de conduite dans la Porsche, tout en déplorant d’avoir affaire à une boîte PDK. J’aurais préféré la manuelle à 7 rapports, mais de l’aveu de mon copilote, elle convient moins à la voiture. Dont acte.
< Problème : le moteur nous gratifie d’une sonorité plus qu’affriolante ! Alors, forcément, je mets pied dedans et ce, sur tout le long du tronçon fermé. De Dieu ! Mais elle pousse, cette 991. Elle chante aussi, quel plaisir ! La transmission égrène les rapports tout en douceur malgré le mode Sport engagé : j’aurais préféré des sensations plus mécaniques, comme dans une Ferrari 458. Rapidement, nous tombons sur le premier rond-point, qui sonne en quelque sorte la fin de la récréation. J’aurai eu juste le temps de franchir les 200 km/h. Le trajet comprend la traversée de nombreux villages et s’en tient exclusivement aux petites routes aussi sinueuses que dégradées. Aussi, je règle suspension en mode intermédiaire, pour préserver la stabilité de la Porsche. Malgré tous les efforts déployés par les ingénieurs allemands, sa répartition des masses contre nature reste sensible. Oh, ses effets s’avèrent magnifiquement contrôlés, ce qui permettrait d’attaquer (pas trop quand même) sans crainte. Mais voilà, la direction à assistance électrique ne procure pas un très bon feeling du train avant. Une Nissan GT-R, par exemple, communique beaucoup mieux. Du coup, je ne cherche pas les limites de la 991 (ESP branché), d’autant que ces routes merveilleusement vicieuses me sont inconnues. Et en ligne droite, à vitesse plus tout à fait légale, la Porsche conserve sur les bosses cet étrange dodelinement de l’avant, pas dangereux mais pas agréable non plus. Elle compense par un confort convenable, une bonne visibilité et une compacité bienvenue quand la voie se fait étroite. Curieusement, nous jouons à saute-mouton avec les autres engagés, qui n’avancent pas. En fait, ils jouent le jeu de la régularité avec bien plus de rigueur que nous, qui cherchons plutôt à nous faire plaisir avec le très musical flat-six. Un peu creux à bas régime, il prend ensuite ses tours avec un bonheur tangible. Cela dit, cette satanée PDK passe le rapport supérieur quand on flirte avec la zone rouge, même en mode manuel. Et ce toit ouvrant qui grésille tant qu’il peut : c’est ça, la qualité Porsche ? Mon accompagnateur m’avoue même que c’est l’option à ne pas prendre.
Bon prince, au second point de contrôle, je cède le volant à mon passager, qui, malheureusement, cherchera ensuite à m’impressionner. Sauf qu’il ne sait pas que pour moi, un bon contrôle de la voiture passe d’abord par un bon contrôle de ses pulsions. Après quelques dizaines de km rapides, je demande à reprendre le volant, pour le bien de mon estomac comme de celui de notre passagère. Nous ne nous tromperons que deux fois de route sur tout l’itinéraire, et la difficulté des voies mettra en exergue la très grande sûreté de cette 991, peu communicative mais très polyvalente. Et dotée d’un bon éclairage, ça compte.
Après avoir remonté presque tous les participants, nous regagnons après deux bonnes heures de conduite, la ligne droite des stands. Les organisateurs ont effectué un excellent choix de routes, car je peux vous garantir que l’attention ne doit pas se relâcher. Je ne sais pas si j’aurais aimé concourir dans la très large Testarossa (aux phares déficients) par exemple.

Plus tard dans la soirée, s’ensuit la remise des prix. Les viticulteurs locaux sont arrivés les bras pleins de champagne, Parrot plein d’accessoires Bluetooth, mais je ne vais pas faire le décompte. Nous figurons en 27ème position, à 7 sec du temps initial. Pas si mal… Pour info, notre vitesse moyenne a excédé les 70 km/h quand celle de l’équipage vainqueur s’établissait plutôt vers 50 km/h. Finalement, 450 € de droits d’inscription (390 € si on dispose d’une voiture chaussée par Pirelli), cela reste raisonnable vu la qualité de l’organisation, le choix des routes et l’ambiance assez exclusive. Mais une chose demeure sûre : malgré mon amour des bons moteurs, je ne craquerai jamais pour une 991 Carrera 2S. Cela dit, la question ne pose pas, je ne dispose pas du premier des 103 970 € qu’elle exige.

Texte : Stéphane Schlesinger
Photos : Pirelli et Stéphane Schlesinger

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