Voilà déjà trois ans que la Nissan GT-R ne cesse d’épater ceux qui l’essaient sur autoroute ou sur circuit. Normal vu sa puissance et son arsenal technologique. Seulement, avec son poids annoncé de 1 740 kg, elle risque de ne pas trop aimer les virolos. Nous sommes allés vérifier sur les routes du Var…

La Nissan GT-R côté technique

Pour le néophyte, il peut sembler hallucinant que Nissan sorte une voiture aussi sophistiquée, venue de
nulle part. Or, la lignée des GT-R remonte à 1969, soit plus de 40 années durant lesquelles le constructeur japonais a développé ses technologies. L’actuelle R35 en représente l’aboutissement suprême. C’est simple, elle a tout ce dont on peut rêver : moteur V6 3.8 biturbo de 485 ch officiels (officieusement, c’est plus de 500) et monté à la main, boîte 6 à double embrayage, transmission intégrale, amortisseurs actifs, suspension à doubles triangles à l’avant et bras multiples à l’arrière, ainsi qu’une interface dans l’habitacle permettant de paramétrer pratiquement tous les aspects mécaniques et dynamiques, sans oublier le Cx de 0,27…
Surtout, la transmission intégrale ne renvoie au maximum que 50 % du couple à l’avant et le différentiel arrière est du type autobloquant. Voilà qui doit donner un tempérament légèrement survireur, favorable à la maniabilité. En théorie.

A bord de la Nissan GT-R

On ne peut pas dire que la planche de bord réalise des prouesses en termes d’élégance, mais, à l’image de la carrosserie, son dessin tente de véhiculer un message technologique. Le meilleur exemple en est l’afficheur central, porte ouverte sur les entrailles de la bête ainsi que son comportement.
Faire le compte de tout ce qu’on peut y contrôler serait fastidieux. Citons seulement la quantité invraisemblable de jauges (pression et température d’huile moteur, mais aussi de la transmission, accélérations encaissées, réglage des amortisseurs, de la direction, etc.), ainsi que le GPS ou le système audio. En dessous se situent les commandes de la hifi, elles-mêmes surplombant une rangée de basculeurs permettant de paramétrer à sa guise le châssis de la voiture, l’ESP étant déconnectable.
Par ailleurs, la finition s’avère convenable, sans plus vu le prix de la voiture, mais l’habitabilité se révèle appréciable pour ce type de coupé : deux personnes peuvent prendre place à l’arrière sans risquer pour leur colonne vertébrale.
On profite aussi d’un grand coffre, d’une bonne accessibilité, et on obtient une auto pratique au quotidien, d’autant qu’elle offre une excellente position de conduite, grâce à l’amplitude des réglages (électriques) du siège et du volant.

Sur la route avec la Nissan GT-R

A la mise en route, le moteur ne se distingue pas par une sonorité particulièrement mélodieuse. Dès les premiers tours de roue, on note la fermeté de la direction ainsi que les nombreux grincements en provenance de la transmission. Guère rassurant. Gentiment, je quitte le parking pour gagner les petites routes départementales du Var.
Vu la complexité des réglages, j’opte pour le mode ‘Sport’ et décide de m’y tenir. Malgré tout, la GT-R s’avère d’un confort de suspension appréciable, alors que l’insonorisation est soignée. On pourrait effectuer plusieurs centaines de kilomètres d’autoroute sans fatigue !
Sauf qu’on n’est pas là pour ça. Une fois la mécanique à température, je mets pied dedans, pour voir. Mes aïeux, quelle poussée ! Je n’aimerais pas me trouver au volant d’une Porsche 911 Turbo au moment où un conducteur de GT-R balance la sauce. Bon OK, le 0 à 100 km/h annoncé en 3,5 sec m’avait mis la puce à l’oreille, mais tout de même… On prend 240 km/h sur le moindre bout de ligne droite (allemande, cela va sans dire) sans effort, enveloppé dans une sonorité de 747 au décollage.
Monumental, d’autant plus que ça vous expulse vers l’horizon dès les plus bas régimes. Pendant ce temps, la boîte à double embrayage garantit des accélérations sans rupture de couple, tout en sélectionnant le bon rapport comme par magie. En quand on sélectionne le mode manuel, les palettes s’avèrent très réactives, au contraires de celle d’une Mercedes SLS.
Cela dit, le plus phénoménal est ailleurs. On a entre les mains une auto de 4,65 m de long pour 1,90 m de large, pesant 1 740 kg, bardée de technologie et gavée de puissance.  Pourtant, elle se conduit comme une 205 GTI sur ces virolos. Ça, c’était inattendu.
Au contraire d’une 911 Turbo qui filtre tout, la GT-R vous place au cœur de l’action. La direction informe parfaitement quant à l’état de l’adhérence des pneus et de la surface de la route, les mises en appui sont nettes, et la précision totale.
C’est le coup classique : plus on va vite, plus la voiture semble rétrécir autour de soi. Alors, on en remet une couche. On freine hyper tard, on réaccélère le plus tôt possible. La poupe déboîte légèrement, l’avant tire la GT-R vers la sortie du virage et c’est reparti pour une salve mémorable. Rarement conduit de voiture capable de tenir une telle cadence sur un trajet aussi sinueux.
Les freins ? On n’en vient pas à bout sur ces routes. Les bosses ? La Nissan les ignore superbement grâce à son amortissement très rigoureux mais suffisamment absorbant. Alors, oui, quand il s’agit de croiser une voiture, on se rappelle le gabarit de la GT-R, qui peut encore se révéler gênant au moment de doubler un des ces ineffables camping-cars qui polluent nos routes de leur lenteur débile.
Dernier détail trahissant la masse de la Nissan : la consommation. Sur notre essai mené à une cadence pas exagérément légale, elle a flirté avec les 30 l/100 km. Une broutille face au panard qu’on a pris.

Verdict

Des performances de supercar, un agrément châssis de GTI, une efficacité proprement sidérante : la GT-R pourrait coûter 150 000 €, elle passerait toujours pour une bonne affaire. Certes, depuis le début de sa commercialisation, elle est passée de 75 800 à 84 250 €, mais même à ce prix, la Nissan ne voit en travers de son chemin aucune concurrente capable de lui en remontrer. Evidemment, elle devrait pâtir, vu son poids, d’une consommation élevée pas seulement d’essence mais aussi de pneus et de plaquettes de freins, ce qui en grèvera le prix d’exploitation. Sans oublier la puissance fiscale de 40 ch et le malus écolo de 2 600 €. Mais, que valent ces considérations face au plaisir distillé et au tarif de base attractif pour la catégorie ?
S.S.

Essai : Nissan GT-R, aux frontières du réel
Moteur : V6, 3 799 cm3, biturbo Puissance maxi : 485 ch à 6 400 tr/min Couple maxi : 588 Nm à 3 200 tr/min Vitesse maxi : 314 km/h (constructeur) 0 à 100 km/h : 3,5 sec (constructeur) Prix de base : 84 250 € En vente : Maintenant
Moteur95%
Comportement100%
Qualité & Design70%
Confort & Pratique70%
Emotion95%
LES +
  • Agrément châssis bluffant
  • Efficacité ahurissante
  • Prix
LES -
  • Consommation, mais c'est juste pour dire...
86%Note Finale
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