On ne doit pas dire Fiat Punto Evo Abarth mais bien Abarth Punto Evo. En effet, Abarth est devenu une marque à part entière en 2008, au lieu de servir d’appellation pour une définition sportive. Est-ce à dire que les produits frappés du scorpion sont devenus vraiment… piquants ? A ce sujet, il était tout de même difficile de faire moins agressif que la Stilo Abarth, franchement tranquille.
Malgré des progrès notables, les Abarth 500 et Grande Punto ne sont pas les sportives radicales que leur look suggère, à moins de les doter d’un kit Essesse. Cela ne les a pas empêchées, depuis 2 ans, de s’écouler à 22 000 exemplaires dans le monde (1 600 en France), dont 80 % de 500 : pas mal compte tenu du peu de points de vente (16 en France) et de la notoriété encore faible de ce constructeur.
Aujourd’hui, la Punto Evo (actualisation peu convaincante esthétiquement de la Grande Punto) arrive chez Abarth. Bombinette ou vraie sportive ?

L’Abarth Punto Evo côté technique

A l’instar de sa petite sœur Fiat, l’Abarth Punto Evo se dote de la commande Multiair. Ce procédé électro-hydraulique permet de faire varier le degré et le temps d’ouverture de la soupape d’admission sur une amplitude exceptionnelle, impossible à obtenir avec une distribution normale. En outre, avec ce dispositif, on peut se passer d’arbre à cames d’admission.
Concrètement, les consommations baissent (- 10 % selon Abarth) alors que la puissance progresse (+ 10 %), tout comme couple (+ 15 %).
Le bloc 1.4 que l’on retrouve aussi dans l’Alfa MiTo développe ici 165 ch (+ 10 ch par rapport à l’ancienne Abarth Grande Punto) pour 250 Nm de couple (+ 20 Nm), à 2 250 tr/min. La consommation ressort à 6,0 l/100 km, et les émissions de CO2 à 142 g/km : des valeurs remarquables dans la catégorie. Comparé à celui de l’Alfa, le moteur de la Punto reçoit une cartographie différente, censée le rendre plus prodigue en sensations.
Côté performances, Abarth annonce 213 km/h en pointe pour un 0 à 100 km/h exécuté en 7,9 sec : pas le grand frisson mais de quoi s’amuser.
Surtout que le châssis a été préparé : voies élargies, assiette abaissée, étriers Brembo à double piston à l’avant (disques de 302 mm), pneus Pirelli PZero Nero de 215/45 par 17. On profite aussi d’un différentiel dit T.T.C : en fait, il s’agit simplement d’une fonction de l’ESP qui agit sur les freins pour aider la puissance à bien passer au sol. Notons enfin que cette Punto adopte un système Stop and Start de série. Chacun sait que cet artifice bêtement à la mode ne sert qu’à limiter les consommations normalisées, établies selon une procédure inepte, n’ayant rien à voir avec l’utilisation réelle d’une voiture… Fiat avait inventé un principe similaire au début des années 80, le ‘City Matic’, pour l’abandonner rapidement, faute de résultat concluant.
Côté transmission, l’Abarth s’en remet à une boîte 6 manuelle, une unité à double embrayage devant apparaître courant 2011.

A bord de l’Abarth Punto Evo

Outre une calandre immonde, la Punto Evo hérite un habitacle entièrement redessiné, de façon heureuse. Le nouveau tableau de bord adopte des courbes douces, plus modernes et charmeuses que les lignes raides de l’ancienne planche de bord. La qualité perçue progresse très sensiblement, mais n’atteint toujours pas celle d’une Polo ou même d’une Clio de haut de gamme. Pas de plastique moussé ici, encore que le revêtement pelliculé du tableau, imitant le bitume d’une piste, s’avère à la fois original et agréable. Notons aussi la casquette du combiné instruments, parée de cuir et de surpiqûres rouges et jaunes. Pour compléter l’ambiance sport, on découvre également un volant et un levier de vitesses en cuir, un pédalier en alu ainsi qu’un siège intégral aux renforts épais.
De série, on dispose de 7 airbags, de la climatisation automatique bizone, du régulateur de vitesse (auparavant en option) du système Blue and Me à reconnaissance vocale, de la radio CD à 6 haut-parleurs et surtout d’une sorte de Manettino. Remplaçant la touche ‘Sport’ de l’ancienne version, ce petit levier permet comme elle de sélectionner un programme ‘Sport’, agissant sur la cartographie moteur, l’assistance de direction, l’ESP (malheureusement non déconnectable) et donc, le système T.T.C.
Spacieux, cette habitacle se pare d’un éclairage d’ambiance nocturne et grâce au volant réglable en hauteur comme en profondeur, on se façonne une position de conduite plaisante.

L’Abarth Punto Evo sur route

Nous sommes en Corse, dans la région d’Ajaccio, pour tester cette bouillante italienne. Le siège intégral façon baquet (un vrai baquet Sabelt existe en option à 1 200 €) procure un bon maintien lombaire et s’avère suffisamment long d’assise pour qu’on n’ait pas les cuisses en l’air. Un bon point. Contact : le petit 1.4 s’éveille dans un ron-ron sympathique, favorisé par la double sortie d’échappement.
A basse vitesse, la suspension s’avère sautillante, mais de ce sautillement sain que l’on retrouve sur les sportives. Le moteur souple et doux s’allie aux commandes légères pour faciliter les progressions urbaines.
Passé 2 000 tr/min, il se révèle sous un autre jour : il déborde de punch et monte jusqu’à plus de 6 500 tr/min sans rechigner. Certes, il perd en gnak après 6 000 tr/min, mais on se demande si ce n’est pas simplement dû à sa cartographie, qui le bride afin de donner envie au pilote de s’offrir le kit Esseesse qui portera sa puissance à 180 ch à la fin de l’année.
En tout cas, il se montre bien moins linéaire que dans la MiTo QV, tout en conservant une sonorité qui met le sourire aux lèvres. On restera toujours en mode ‘Sport’ pour jouir des reprises juteuses (quel pied !), le programme normal rendant le bloc presque atone.
Un sourire qui ne disparaît pas au premier virage. En effet, même si la direction conserve un feeling un peu magnétique, elle renseigne correctement sur ce que fait le train avant. Celui-ci, sans offrir, loin de là, le mordant de celui d’une Clio RS, s’inscrit avec alacrité en virage, le suit fidèlement et en sortie, le système T.T.C canalise efficacement la puissance et gomme 90 % des effets de couple.
Au lever de pied en appui, surprise : la Punto Evo offre un semblant de mobilité fort agréable, décuplant l’interaction homme-machine.  Certes, l’ESP veille au grain, mais il a le bon goût de n’intervenir que très tard, et en toute discrétion. En outre, il autorise l’usage du frein à main pour faire pivoter la voiture dans les virages en épingle, en sortie desquels le moteur manque un peu de souffle : un turbo à géométrie variable aurait été le bienvenu.
L’amortissement constitue lui aussi un motif de satisfaction. Contenant bien les mouvements de caisse, il filtre aussi avec compétence les aspérités, ce qui permet d’attaquer sans arrière pensée sur petite route dégradée. Ce dont je ne me prive pas, d’autant que notre parcours est utilisé pour des spéciales durant le Tour de Corse. L’Abarth se révèle amusante, efficace, et assez rigoureuse. Elle repousse tard les limites du sous-virage, même sur le mouillé : merci les Pirelli PZero. Dans les changements d’appui, on ne dénote pas de souplesse transversale excessive, et la direction suffisamment directe permet de placer la voiture où on veut. Du bon travail. On n’en est pas à l’efficacité d’une Clio RS, loin de là (le prix n’est pas le même non plus), mais la Punto supplante selon moi une 207 RC et une Ibiza FR question agrément et feedback, voire une Mini Cooper S question rigueur. Surtout, elle renvoie aux vestiaires la MiTo QV, pourtant établie sur la même base.
Sur le plan du freinage, je n’ai aucune critique négative à formuler. La puissance s’allie à l’endurance, ce qui est très utile quand au détour d’un virage très serré on tombe sur un énorme bus à étage allemand. En pinaillant, on trouvera la pédale un peu souple et le système automatique d’allumage des warnings franchement susceptible.
On dira ce qu’on veut, mais les Teutons sont généreux. La preuve, ils nous ont apportés en Corse un bout d’Autobahn qui nous a permis de flirter avec les 180 km/h, entre 2 virolos. A allure autoroutière, la Punto se montre assez silencieuse, bien aidée par une 6ème tirant tout de même à près de 37 km/h pour 1 000 tr/min.
Reste le cas de la consommation. Oui, à vitesse stabilisée, elle est faible. Mais dès qu’on sollicite le moteur comme il l’y incite, le bougre, elle s’envole. Ainsi, après un parcours montagneux mené tambour battu par une cravache impitoyable, nous avons atteint près de 20 l/100 km en moyenne…

Verdict

Pour autant qu’on ne la prenne pas pour une pure sportive, cette Abarth Punto Evo constitue une excellente surprise. Pétillante, vigoureuse et rigoureuse, elle progresse nettement côté suspension par rapport à sa devancière. Elle permet de s’amuser comme un petite fou tout en demeurant confortable au quotidien  et très agréable sur autoroute. Oui, son prix a crû de 1 300 €, mais à 19 400 €, elle demeure très compétitive face à la concurrence. Les rivales sont toutes plus chères, mais pas forcément plus puissantes ni mieux équipées. Certes, la consommation déçoit franchement en usage sportif, et les commandes ne sont pas aussi affûtées que la décoration extérieure le suggère, mais cette voiture offre une homogénéité qu’on ne peut qu’apprécier.  Les plus sportifs attendront décembre prochain pour s’offrir le kit Esseesse qui, moyennant 3 000 € environ, offrira 15 ch de mieux, des freins et une suspension nettement radicalisés.
S.S.

Essai : Abarth Punto Evo, la rigueur sans la tristesse
Moteur : 4 cyl. en ligne, turbo Emplacement : transversal, avant Cylindrée : 1 368 cm3 Puissance maxi : 165 ch à 5 500 tr/min Couple maxi : 250 Nm à 2 250 tr/min Transmission : Boîte manuelle à 6 rapports, ESP 0 à 100 km/h : 7,9 sec (constructeur) Vitesse maxi : 213 km/h (constructeur) Prix de base : 19 400 € En vente : Maintenant
Moteur80%
Comportement80%
Qualité & Design75%
Confort & Pratique75%
Emotion75%
LES +
  • Moteur pétillant
  • Amortissement efficace
  • Prix
LES -
  • Consommation en usage sportif
  • Feedback du volant perfectible
77%Note Finale
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77%

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