Pendant que la France grelotte sous la neige et la glace, Speedfans, le blog d’Evo, se retrouve au sud de l’Espagne pour tester une nouveauté. Une nouveauté dans un domaine dont on mésestime souvent l’importance : le pneumatique. En effet, même si elle reçoit la transmission intégrale la plus intelligente du monde, la suspension active la plus sophistiquée ou la coque en carbone la plus rigide, toute voiture n’est reliée au sol que par quelques centimètres carrés de gomme. Si celle-ci n’est pas au niveau, bye-bye l’efficacité, le plaisir et la sécurité.
Or, en termes de pneumatiques, Michelin dispose d’une certaine expérience et c’est toujours un petit évènement quand le manufacturier sort une nouvelle enveloppe. En l’occurrence, le Pilot Sport 3, qui a lourde charge de remplacer le PS2, équipant 12 % de parc européen concerné par ce type de pneu.
Pour des passionnés de conduite, l’entame de la conférence de presse a eu de quoi faire frémir. Voilà qu’on commence la présentation du pneu en nouveau vantant les économies de carburant qu’il permettrait (- 1 % de résistance au roulement) ainsi que sa longévité accrue, selon le fabricant, de 10 % par rapport au PS2. Certes, mais les sensations ? L’efficacité ?
Allez, commençons par le plus pénible, l’écologie. Un nouveau composé, dénommé ‘Green Power Compound’ comporte son lot de silice de dernière génération, matériau limitant les frottements donc les pertes d’énergie. Voilà, c’est fait.
Ce mélange de gomme comprend aussi deux nouveaux élastomères, l’un très flexible (le Wet Grip Elastomer) chargé de coller au sol mouillé, l’autre (le Long Lasting Elastomer) de résister à l’usure.
Pour le vérifier, nous nous retrouvons sur piste humide avec 4 voitures. Deux Audi TT 1.8 TFSI, l’une montée en Michelin PS3, l’autre en Bridgestone RE050A, plus deux A5 3.0 TDI, l’une évidemment avec la nouvelle enveloppe française, l’autre en Pirelli PZero.
 
Test sur piste humide

Premier tour avec les Bridgestone. L’Audi TT se montre précise et informative, mais relativement délicate au lever de pied en courbe, où elle survire gentiment. Très agréable pour le conducteur aguerri, un peu moins pour le novice. J’arrive en bout de ligne droite à 140 km/h, sans trop prendre de risques. Avec le Michelin, la TT s’avère moins ludique et pas forcément plus précise. Plus stable, elle permet en réalité de passer partout 10 km/h plus vite qu’avec le pneu japonais, en demandant moins au conducteur. Le Michelin s’avère donc plus efficace, plus sûr, mais moins amusant.
Ce constat se vérifie avec l’A5. Celle-ci, malgré sa transmission intégrale et sa suspension molle, drifte étonnamment bien. On place l’avant en courbe, on lève le pied, ce qui déleste la poupe, et on remet les gaz. Hop là, c’est parti pour une belle dérive. Celle-ci intervient nettement plus vite avec le Pirelli qu’avec le Michelin, mais se montre aussi, et curieusement, plus brutale.
Et là encore, j’arrive plus vite en bout de ligne droite avec les Michelin (160 km/h) qu’avec les Pirelli (150 km/h).
 
Test de freinage sur le mouillé

Pour les tests de freinage sur le mouillé, nous disposons de deux BMW 320d (à la finition, soit dit en passant, fort décevante). Les gommards rivaux ? Des Goodyear F1 Assymetric. Des références, que le Michelin surpasse en s’arrêtant en moyenne 2 m plus court entre 80 et 10 km/h (environ 27 m). L’organisme allemand TÜV SUD, qui a testé les Michelin et ses concurrents, parle de 3 m. Apparemment, les épaules arrondies (dénommées Anti Surf System) permettent au pneu français d’évacuer l’eau plus facilement.
 
Test sur route sinueuse

En ce qui concerne le comportement sur le sinueux, nous avons pu tester le nouveau pneu sur une piste simulant une petite route de montage. Nos montures : des VW Scirocco TDI, pas forcément ce qu’il y a de plus passionnant…
Michelin assure avoir doté son PS3 d’une déformation programmée ainsi que d’un mélange de gommes, atteignant rapidement une température de fonctionnement optimale, qui mais qui évite les pics de chaleur, le tout permettant à l’enveloppe de toujours conserver une adhérence maximale.
Et effectivement, sur le bitume sec, le Michelin se révèle à la fois plus précis et informatif que le Dunlop Sport Maxx. En revanche, face au Continental SportContact 3, il marque le pas côté agrément, mais son grip supérieur sur le train avant permet à l’arrière de la VW, pas extrêmement joueur de nature, de gagner un peu en mobilité. Le Michelin se passe de structure assymétrique, technologie qui donne pourtant d’excellents résultats chez Goodyear.
 
Verdict
 
Bien sûr, Michelin aimerait qu’on écrive que son pneu est meilleur que les autres. Il peut l’être en certaines circonstances, mais nous n’avons pu opposer le PS3 à une seul et même rival pour tous les tests. Pour en avoir le coeur net, il faudrait établir un protocole d’évaluation où tous les concurrents seraient mis à l’épreuve sur tous les compartiments de conduite. Une opération lourde à mettre en place mais à laquelle Speedfans et Evo réfléchissent. Ce PS3 semble en tout cas se distinguer par sa grande homogénéité, offrant une belle adhérence sur le sec comme sur le mouillé, sans sacrifier le freinage.
Reste qu’il ne se montre pas spécialement ludique.
En attendant, le Michelin Pilot Sport 3 est disponible du 16 au 19 pouces, de 195 à 265 de largeur sur une hauteur de flanc variant de 35 à 55. Le prix reste pratiquement celui du PS2, soit tout de même 20 à 30 % de plus que pour un Goodyear Assymetric.
 

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